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330 T E R U A I N TF.RTlAIliK SUPfi KIE UIÍ.
marais situés à í k lieues environ au sud-est de Konia. A
l'époque oii je traversais cette contrée (le 2 3 octobre I8/1.8),
le Tcharchem])é Sou n'était représenté que par un lit large
quoique peu profond, complètement à sec. Les habitants
m'assurèrent qu' ils étaient habitués à le voir rouler au printemps
et en hiver un volume d'eau très-considérable, qui ne
permettait guère de le franchir à gué, ainsi que l'atteste
d'ailleurs la présence d'un beau pont en pierre reposant sur
5 arcs et connu sous le nom de Tchamrou Keupru, mais
que, pendant les deux dernières années qui précédèrent
mon passage en ces lieux, le Tcharchembé Sou avait été
constamment dans l'état oîi je le vis, ce cjui coïncide avec
l'époque du dessèchement du Soghia Gueul, dont j'ai parlé
plus haut (p. 328). En tous cas, il est probable que, eu égard
à la faible inclinaison de ,la surface qu'il parcourt, c'est le
Tcharchembé Sou qui aura donné naissance aux marécages
où il se perd; or la di^flerence de niveau entre le Soghia
Gueul et la plaine d'Alibeï Koï n'est que de 91 mètres, et,
comme la distance entre le lac et le village est de 12 lieues,
il n'y aurait qu'environ un décimètre de pente par lieue
métrique.
La plaine est assez accidentée dans les parages d'Alibeï
Koï ; c'est ainsi qu'à 2 lieues environ au sud-est-sud de ce
village, elle est hérissée de collines lacustres que traverse
une espèce de défilé ou devrent gardé par deux ou trois
Zaptié (soldats irréguliers); néanmoins elle devient de plus
en plus unie, en s'inclinant légèrement au sud-est-sud, à
mesure qu'on s'avance vers Kassaba. Les montagnes boisées
du Denek Dagh, qui la bordent du côté du sud-ouest,
contrastent avec la nudité de cette surface monotone, qui, au
mois d'octobre, ne m'offrit d'autres représentants de végéta-
C I I A P I T R E VIII. :ir,i
tion que des individus clair-semés du Colchique de Byzance
A 3 lieues 1/2 environ au sud-est-sud d'Alibeï Koï, la
plaine se renfle en mamelons échelonnés de l'ouest à l'est,
et se dirigeant depuis le Dinek Dagh jusqu'au groupe trachytique
du Kara Dagh. Ces mamelons, et particulièrement
les ravins et les dépressions qui les séparent les uns des
autres, laissent voir partout un calcaire poreux, éclatant
sous le marteau comme du verre et dont les cavités et alvéoles
offrent des empreintes de Paludines microscopiques.
Des renflements semblables- se présentent très-souvent à
mesure qu'on se rapproche de Kassaba. Dans tous ces parages,
la plaine est considérablement rétrécie, d'un côté, par
les contre-forts des massifs qui la bordent à l'ouest et qui
se terminent par de longues saillies diversement ramifiées,
et, d'un autre côté, par les collines lacustres qui flanquent
ces contre-forts et qui s'étendent jusqu'à l'extrémité méridionale
du groupe trachytique du Kara Dagh.
Ce sont ces renflements lacustres qui hérissent la plaine
au sud-est de Kassaba, et au pied de l'un desquels se
trouve le petit village d'Ilistra. Cette dernière colline a une
forme conique et se dresse presque isolément au milieu
d'une surface revêtue d'un humus noir et gras. De même, à
2 kilomètres environ au sud-est d'Ilistra, un rentlement allongé
et aplati traverse toute la plaine depuis Kara Dagh
jusqu'à la chaîne montagneuse opposée; il est également
1. Colchicum byzanlinum, Stev. L'aridité de la plaine comprise entre
Alibeï Koï et Kassaba ne l'empèclie pas d'être remarquablement riclie en
perdrix grises et rouges; elles y sont si peu intimidées par les rares apparitions
de l'homme, que je les voyais fréquemment s'élever presque de
dessous les pieds de mes clievaux.