6 6 T E R I I A I N TERTIAIRE MOYEN. C H A P I T R E III. 07
pendant l'été, dont les rives très-clevées sont exclusivement
composées de diluvium dans lequel j'ai observé des galets
renfermant de belles empreintes de polypiers miocènes.
Le cordon de dunes se i-evêt d'une végétation de plus en
plus toulTue à mesure que l'on s'avance de ÎMersina à Tarsons
; aussi, en parcourant la plaine comprise entre ces deux
localités la mer est presque toujours soustraite à la vue,
bien que sur plusieurs points son niveau ne dépasse que de
très-peu celui de la plaine. Le sol superficiel de cette dernière
est compesé de sable calcaire marneux d'une teinte
plus ou moins brune. Les montagnes qui bordent la plaine
du côté du nord conservent leurs contours doux et ondoyants,
mais elles sont dominées par les imposantes masses
du Boulgar Dagh qui se dessine très-distinctement à
l'horizon.
t l .
Les dépôts détritiques qui revêtent une partie de la belle
plaine de Tarsous, connue sous le nom de Tchukur Ova,
offrent des denudations très-instructives tout le long du
ïarsous Tchaï' qui coule à une petite distance à l'est de la
ville. Il a peu de profondeur à son embouchure, barrée par
un banc de sable qui ne permet le passage qu'aux embarcations
de faible tirant, mais en amont de ce banc, la
rivière peut aisément porter des navires de 150 à 200
tonnes de charge.
Le Cydnus forme une cataracte qui, à moins d'un kilo-
1. Nommé égalemeiil Mezarlu Tcliai; c'est le célèbre Cydnus des anciens.
mètre de la ville, se précipite en plusieurs jets dans un lit
assez étroit dont les rives consistent en puissants dépôts
détritiques, tandis que le lit du torrent i laissé à sec sur certains
points pendant les mois d'été, est composé de masses
mamelonnées de calcaire miocène, ce qui prouve une fois
de plus que les dépôts superficiels de la grande plaine de
Tchukur Ova reposent immédiatement sur le terrain tertiaire
moyen.
La nappe détritique, si étendue à l'est de Tarsous, est
au contraire fort restreinte à l'ouest et au nord-ouest de
cette ville, où elle se trouve limitée par les collines miocènes
qui s'avancent sans discontinuation juscju'au Boulgar Dagh.
Aussi, lorscpi'on s'éloigne de Tarsous à une heure de distance
seulement dans les directions de l'ouest ou du nordouest,
on ne tarde pas à voir apparaître les dépôts miocènes
dans tout leur magnifique développement sous la forme de
nombreuses collines sillonnées par des ravins plus ou
moins profonds. Elles sont composées de calcaire crayeux,
blanchâtre, disposé en bancs horizontaux, et littéralement
pétris de fossiles. Tarsous pourrait donc servir de point
central à une campagne paléontologique qui aurait pour
objet l'exploration de cette intéressante contrée, car chaque
excursion vers les nombreux villages limitrophes ne donnerait
au géologue d'autre embarras que celui de rapporter
le soir la totahié de son immense butiné
1. En hiver, le lit du Cydnus est parfaitement rempli, en sorte qu'à
cette époque il est navigable depuis les cataractes jusqu'à l'embouchure.
Dans les parages de ïarsous, la rivière alimente sept canaux, dont quatre
débouchent sur sa rive occidentale, et trois sur la rive opposée. Ils sont
destinés à l'irrigation et au travail des moulins.
2. C'est naturellement l'automne ou l'hiver qu'il faudrait choisir pour