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C O N C I J J S I O N S GÉNÉliALES.
niiisule. de ratUicher les annales de la géologie à colles de
l'archéologie'. C'est le privilège d'une contrée où les souvenirs
de l'honinie renionlenl à des épo(|ues ([ui partout ailleurs
sont perdues pour lui; privilège d'autant plus précieux
et solide, qu'au lieu d'y porter atteinte, le temps ne fait
ciu'en accroître la valeur.
XII. L'histoire géologique de l'Asie Mineure fournit une
interprétation de plusieurs phénomènes physiques que présente
aujourd'hui la péninsule, et dont il serait difticile de
se rendre compte par l'action des causes actuelles. Ainsi,
ce n'est que dans des considérations de cette nature, qu'il est
permis de chercher l'explication du phénomène délocalisation
(lu'oflVe la flore de l'Asie JMineure, sur une échelle tout à fait
exceptionnelle etindèpendamment del'iniluence des altitudes
et des latitudes'. En effet, cette curieuse anomalie n'est peutêtre
que la conséquence de l'état d'isolement dans lequel
ont dû être placés les divers terrains qui composent l'Asie
Mineure, et dont presque tous avaient été soulevés aussitôt
après leur formation, en sorte qu'ils se sont successivement
déposés non les uns sur les autres, mais plutôt les uns à côté
des autres, circonstance qui a dù conserver aux régions
diverses de l'Asie Mineure un caractère éminemment insulaire,
pendant une grande partie de son histoire géologique.
Or ce qui, aujourd'hui encore, distingue particulièrement la
flore des îles de la flore des larges surfaces continentales,
c'est précisément la localisation des espèces, ainsi que cela
1. Voyez p. 504-510.
2. .l'ai essayé de démontrer ce phénomène curieux dans un travail intitulé
Éiudes. sur la véyélalion des hernies monlapnes de l'Asie Mineure
el de l'Arménie, publié dans le Bullelin de la Soc. bol. de France.
ann.1857.
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C O N C L U S I O N S (j li N l'i KA l-l(S.
a été démontré par Alexandre de Jfumboldt, mais surtoul
par Alphonse de Candolle et |)ar les savants' qui ont suivi
la voie nouvelle ouverte à la Géographie botanique grâce
à i'éminent botaniste de Genève.
Un autre fait géologique très-important, également appuyé
et élucidé par des considérations botaniques, c'est le
défaut en Asie Mineure de traces de phénomènes glaciaires,
fait qui coïncide admirablement avec l'absence, dans la péninsule,
de certains types végétaux qui caractérisent les contrées
où l'époque glaciaire a laissé le plus de monuments.
En effet, la plupart des zones végétales dites alpines, situées
sous les latitudes les plus diverses en Europe, en Asie et en
Amérique, offrent certaines espèces qui se rattachent évidemment
à une époque pendant laquelle plusieurs parties de
notre globe avaient subi un refroidissement considérable,
de manière que ces espèces peuvent être envisagées, en
quelque sorte, comme autant de représentants ou de restes
de la période glaciaire. Or bien que, par leurs altitudes et
latitudes, beaucoup de montagnes de l'Asie Mineure se trouvent
placées dans les conditions favorables au développement
de la flore alpine, les espèces les plus importantes de
cette flore, telle qu'elle se présente dans toutes les contrées
où l'époque glaciaire a laissé des traces, font complètement
défaut à l'Asie Mineure. Ainsi, cette péninsule non-seulement
ne possède presque point certaines formes cosmopolites
qui, comme le Ranunculus glaciaUs, Silene acaulis, Erigeron
uniflorus, etc., sont tout aussi caractéristiques pour les
1. Voyez entre autres, M. L. Kny ; Ueber die Flora oceanischer Inseln,
publié dans le Zeilschrifl der Gesells. filr Erdkunde zu Berlin.
ann. 1867, v. II, p. 208.