338 T E U H A I N ÏEUTIAlllE SÜIMÍR1EUK. CllAlMTRlî VIII. 3 3 Si
parce qu'elles traversent de l'esl à l'ouest cette partie orientale
du grand bassin lacustre de la Lycaonie.
IL
Ce fat du revers méridional de l'imposant groupe trachytique
du Hasan Dagh que j'effectuai ma descente dans
la plaine, en passant par le village d'Orta Koï, situé trèspittoresquement,
avec ses nombreux jardins, au milieu des
rochers et blocs trachyliques qui représentent le rivage
déchiqueté de cette partie de l'ancien lac de la Lycaonie,
converti aujourd'hui en une vaste plaine. En descendant dans
celle qui se déploie au pied du rempart trachytique dont
le revers porte Orta Koï, on la voit revêtue d'une couche
d'humus noir, provenant de la désagrégation des trachytes,
ainsi que des calcaires foncés (de terrains de transition[?] )
dont les galets jonchent tout l'espace compris entre Orta
Koï et Bor.
A l'ouest de cette dernière localité, la plaine devient
tellement marécageuse, qu'on a de la peine à la francliir à
cheval pour se rendre en ligne directe d'Orta Koï à Kisserhissar
(Kilissa Hissar^), et qu'à cause de cela on fait un
détour en passant par Bor, ce qui ne dispense pas toutefois
de traverser une contrée extrêmement insalubre. Ces vastes
marécages sont particulièrement engendrés par les ruisseaux
Cfui descendent des montagnes limitrophes dans la plaine,
où, faute d'écoulement, ils forment de larges nappes d'eau
'I. Les gens du pays prononcent Kisserhissar, bien que l'iiistorien Uirc
Hiidji Kalfa, éiS-ive Kilissa Ilissar.
stagnante, dont l'action est d'autant plus pernicieuse, qu'elle
s'exerce presque pendant toute l'année, eu égard à la température
élevée de ces parages. Ainsi lorsque, le 5 octobre
18^18, je me trouvais à Bor, à 2 heures p. m., le thermomètre
centigrade à l'ombre (produite artificiellement faute
de tout abri naturel) marqua W , 2, malgré l'altitude de
1,138 mètres; l'atmosphère, imprégnée d'exhalaisons méphitiques,
était tellement accablante, que je fus obligé de
précipiter ma retraite, poursuivi par des nuées de guêpes,
dont les piqûres poussaient presque au délire mes chevaux
ensanglantés. Après cela, on peut aisément se figurer ce que
ces parages doivent être en pleine canicule. Aussi Bor, de
même que Kisserhissar sont-ils inhabités et inhabitables
pendant la saison des grandes chaleurs, bien qu'au milieu
de ces vastes déserts marécageux, complètement nus, ces
deux localités se présentent comme de véritables oasis, à
cause des quelques bouquets d'arbres qui les entourent \
•I. C'est cependant dans ces lieux, qui aujourd'liui paraissent exclure
toute conditiftn indispensable à l'existence de l'homme, que s'élevait l'une
des plus splendides cités de l'antiquité, car Kisserhissar n'est autre chose
que la célèbre Ti/aiia, patrie du fameux Apollonius, que les philosophes
païens de l'ère chrétienne ont si souvent opposé à Jésus-Christ. Aujourd'hui,
cette cité, qu'animait jadis une population nombreuse et civilisée,
est représentée par quelques misérables huttes, dont les habitants à face fiévreuse
errent au milieu des magnifiques colonnes qui se dressent encore
majestueusement au sein des marais. Sans doute, ici comme sur tant
d'aulres points de la Lycaonie complètement dénués de végétation arborescente,
il est impossible de ne pas admettre que tel n'était pas le cas à une
époque où cette contrée nourrissait une nombreuse et opulente population,
dont l'existence est si irrécusablement attestée par les innombrables resles
de splendide architecture et de routes qu'on aperçoit au fond de tous les
marais. D'ailleurs, si, dans ces sortes de recherches, des considérations étymologiques
ou linguistiques avaient la valeur d'un argument, on serait
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