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Milan Sou vers Akdjéschehr. Sur cet espace, la plage est
occupée par des collines de sables jaunes, dont les surfaces,
doucement inclinées du coté de la mer. mais assez abruptes
du côté opposé, sont tellement hérissées de broussailles et
de hautes fougères qu'on les prendrait pour des roches solides.
11 est probable que ces collines représentent l'ancien
cordon littoral, car elles sont séparées de la mer par d'autres
buttes de sables échelonnées parallèlement aux premières,
mais se distinguant de celles-ci par leur parfaite
nudité et en général par le cachet d'origine beaucoup plus
récente qui leur est imprimé. Cette double haie de dunes
intercepte sur plusieurs points la communication des cours
d'eau avec la mer; tel est entre autres le cas à l'égard du
Kara Sou Kara Boghazj, situé à 3 lieues à l'ouest du Milan
Sou, dont l'eau se trouve refoulée \ers la plaine et y forme
de petits lacs stagnants et des marais.
Les belles plaines qui. à l'est de l'embouchure du 3iilan
Sou, occupent l'espace compris entre les dunes et les montagnes.
ont un sol sablonneux qui paraît être également
l'oeuvre d'alluvions récentes et possède à peu près la même
composition que les dunes, tout en étant revêtu d'un gazon
touffu ainsi que de beaux taillis de platanes, charmes (carpinus
orientalis), érables {acer obtusifoUum), myrtes arborescents,
etc. Entre Akdjéschehr et Éregli, les montagnes se
rapprochent de nouveau de la côte et rétrécissent les plaines
httorales. Éregli même est situé au pied de la lisière occidentale
du cap Baba, composé en grande partie d'alluvions
\
I. Voyez la planche xxi de mon Atlas pittoresque (joint à la première
partie de Y Asie Mineure], représentant la ville d'Eregli, l'antique Heraclea
ponlica.
Cil A P I T R E II.
IV.
+03
La longue ligne littorale entre Éregli et l'embouchure
du Kizil Irmak ne présente point de plages alluviales d'une
certaine importance. Par contre, le delta du Kizil Irinak
offre des proportions très-considérables. C'est une vaste
surface déboisée, chamarrée de lagunes, et dont l'aréal, y
compris les cordons littoraux qui s'y rattachent (entre Bafira
et Samsoun, et entre les embouchures du Kizil Irmak
et de l'Alatchan Tchaï), ne le cède guère de beaucoup à celui
du delta du Yeschil Irmak {Iris), l'un des plus étendus
de l'Asie Mineure.
D'ailleurs le delta du Kizil Irmak paraît avoir cela de
très-remarquable, cju'un fait sur lequel M. le docteur Blau
a appelé l'attention des savants permet de placer la formation
de ce delta dans l'époque historique et d'en apprécier
le développement progressif. En effet, dans un travail^ sur
ridentitication des noms modernes de l'yVsie Mineure avec
les noms anciens, M. 0 . Blau, qui habite depuis longtemps
l'Orient, a démontré que le village de Bafira est ranticjue nccjoax/
i ounaupav) mentionné commemori de mer non-seulement
par des documents qui remontent au xiii" siècle, mais encore
par le voyageur turc Evlia Effendi, qui vécut il y a deux
cents ans^ Or, aujourd'hui, Bafira est à plus de 5 lieues
métriques de la pointe la plus septentrionale du delta du
•I. Voyez MiUheilungen, etc., de M. Pelermann, ann. 'IS68, n° vu,
p. 249-233.
2. Selon Hammer [GescMchle des Osm. Reich., 2" éd., année 183-5^
en 4 volumes, t. lU, p. 1-5), Evlia Effendi naquit en 1611, et mourut en
•1654.