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144 T E R R jV IN T K R T I A I R E SUPÉRIEUR.
moins solides de la géologie, tant sous le rapport de la
constatation des faits que sous celui de leur interprétation.
11 est donc naturel que, lorsqu'il s'agit d'un pays tel que
l'Asie Mineure, encore à peine effleurée par la science, les
questions relatives au terrain tertiaire supérieur et aux terrains
post-tertiaires doivent être entourées de beaucoup
d'incertitude et de vague.
D'ailleurs, ce qui, indépendamment des difficultés inhérentes
à l'étude même de ces divers terrains, rend cette
étude plus épineuse en Asie Mineure que dans la majorité
des pays de l'Europe, c'est que dans ces derniers la fin de
l'époque tertiaire se trouve plus ou moins nettement indiquée
par les phénomènes qui se rattachent au soulèvement
de la chaîne principale des Alpes, ce qui a permis de définir
l'époque quaternaire, ainsi que l'a fait M. d'Arcliiac %
comme l'ensemble des dépôts de toute sorte qui se sont formés
entre la fin de la période sub-apennine ou tertiaire
supérieure et le commencement de l'époque actuelle ou des
terrains modernes. Malheureusement un point de départ
semblable à celui du soulèvement de la chaîne principale
des Alpes manque, ou du moins n'a pas encore été constaté
en Asie Mineure, de manière que les considérations
stratigraphiques ne sauraient y fournir des indications sur
le commencement de l'époque quaternaire.
Mais cen'cfst pas tout; les restes organiques qui caractérisent
en Europe les terrains tertiaires supérieurs et le terrain
quaternaire, ne sont représentés en Asie Mineure que
d'une manière extrêmement imparfaite sous le double rapport
de la variété des espèces et du nombre des individus;
INTiiODUGTlON.
sans doute des explorations plus minutieuses que celles
auxquelles j'ai pu me livrer atténueront cette défectuosité,
mais il est peu vraisemblable qu'elles la fassent disparaître,
car si elle n'existait pas réellement et ne tenait qua la
nature trop générale de mes travaux, ceux-ci eussent donne
à peu près les mêmes résultats pour tous les terrains, tandis
qu'au contraire, plusieurs parmi ces derniers m'ont
fourni d e r i c h e s récoltes paléontologiques; ainsi, selon toute
vraisemblance, on ne parviendra jamais à constater dans
les terrains tertiaires supérieur et quaternaire de 1 Asie Mineure,
des faunes et des flores comparables à celles que des
dépôts analogues possèdent en Europe.
Enfin, un autre trait saillant qui, dans certaineâ regions
de l'Europe et de l'Amérique caractérise l'époque quaternaire,
paraît également faire défaut à l'Asie Mineure,
savoir le phénomène de l'action des anciens glaciers, ainsi
que celui de courants diluviens détei'minés par des causes
plus ou moins générales et non exclusivement locales.
Or, il ne m'a pas été donné de découvrir sur un point quelconque
de la péninsule anatolique, ni moraines, ni surfaces
striées ou polies que l'on puisse attribuer à l'action d'anciens
claciers, ni blocs erratiques de nature à révéler la présence
ou l'intervention de ces derniers, et je ne sache point qu aucun
de mes prédécesseurs ait été plus heureux sous ce rapport,
car les surfaces polies signalées par M. Perkins, non
loin de Trébisonde, n'ont pas été confirmées par d'autres,
et d'ailleurs l'auteur de cette observation ne l'a point formulée
de manière à nous permettre d'en apprécier l'importance
^
,1. Voyez d'Arctnac, Ilist. des progr. de la géologie, t. Il, p^ 320.
ni.