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ne s'éloigne guère de cette dernière de plus de 2 lieues. Le
relief du pays est composé tantôt de plateaux arrondis,
tantôt de masses calcaires taillées en pics ou en colonnes,
tantôt enfin de vallées dirigées en moyenne du nord au sud,
le plus souvent étroites et profondes, mais toujours assez
élevées puisqu'elles ne paraissent descendre nulle part audessous
de 1000 mètres, et quelquefois alieignent une altitude
plus considérable.
La roche est analogue à celle des environs d'Ermenek ;
c'est un calcaire éminemment fossilifère, disposé en bancs
horizontaux et alternant çà et là avec des couches moins
puissantes de grès ou de conglomérat très-fin.
Voici les fossiles recueillis par moi dans la contrée comprise
entre Ermenek et Dorla.
Coniis
Oslrea
Clypcaftlrr..
lleliasLroea.
Mercali, Brocc.
crassissima, Lmk.
lamellosaj Brocc.
imdala, Lmk.
(jihbosits. Risso.
alius, Lmk.
Defrancei, Miln. Edw. el J. Hairnet
Guellardi, Defr.
Parmi ces fossiles ce sont particulièrement les Coralliaires
zoantaires qui dominent, notamment les Heliastroea \
\. ^oyez Paléo7ilologie de l'Asie Mineure, p. 307, pL viii, fig. '1.
2. Ibid., p. 313, pl. XVI, fig. 4-6.
3. En donnant la liste de fossiles recueillis par moi entre le ïopguedik
Dagli et Ermenek (p. 33), je n'ai pas cru devoir y ajouter ceux qui m'avaient
été obligeamment communiqués à Constantinople par M. Churchill
(rédacteur en chef d'un journal ottoman fort estimé) comme venant des eîivirons
d'Ermenek, où il avait été quelque temps après moi. Or l'examen
de ces fossiles a prouve qu'ils étaient composés exclusivement des espèces
Le plateau sur lequel se trouve le village de Dorla, dont
l'altitude est de 1150 mètres, est revêtu d'une riche végétation
arborescente qui contraste avec l'état peu boisé delà
contrée comprise entre ce village et Ermenek. Les laillis
sont particulièrement composés de sapin oriental {Picea
orientalis) , pin pignon {Pinus pinea), chêne aîgylops
[Quercus oeçjijlops) et chêne au kermès (Quercus coccifera).
Le plateau de Dorla se termine très-brusquement iant
du côté de l'est vers le Bouzaktché Sou (affluent du Gueuk
Sou) que du côté du sud vers la grande vallée du Gueuk
Sou, vallée dont la vue est dérobée aux habitants de Dorla
par des hauteurs calcaires divisées en bancs horizontaux et
disposées en forme de terrasses. Malgré la rapidité de ses
eaux et la profondeur de son lit, le Bouzaktché Sou présente
çà et là, notamment près de Kadikoï, dont l'altitude
est de 118 mètres, plusieurs bancs de sable formant autant
d'îlots. Dans ces mêtnes parages on voit, non loin de la rive
droite du Bouzaktché Sou, des hauteurs composées d'un grès
jaunâtre, qui diffère des dépôts calcaires du voisinage, nonnummuliliques
suivantes, plus ou moins répandues dans le bassin de
Paris : Ntimmiililes Ramondi, Defr., Cardium semistrialum, Desh. (calcaire
grossier et sables inférieurs), Venericardia imbricala, Desli.
(calcaire grossier), et Voluta, voisine de V. cylhoerea, Lmk. La présence
de ces fossiles nummulitiques au milieu d'une faune éminemment miocène,
constituerait un fait trop anormal pour que l'on ait droit de l'admettre, tant
qu'il n'aura pas été constaté par un homme du métier. En conséquence, j e
suis disposé à croire que ce que M. Churchill m'a désigné d'une manière
générale, comme environs d'Ermenek, doit s'appliquer à la contrée située
un peu plus au nord de cette ville, notamment à l'un des massifs du Topguedik
Dagh. De cette manière l'hypothèse que j'ai émise relativement à l'âge
de ce groupe montagneux se trouverait confirmée, et les fossiles recueillis
par i\L Churchill au lieu d'être un embarras" posséderaient le mérite d'une
précieuse trouvaille.
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