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380 TE K RAINS POST-TERTIAIRES.
Karabouroun jusqu'à Kilia, soit le long de la plage, soit
dans l'intérieur des collines qui la bordent, elles offrent des
variations assez considérables pour que l'on soit quelquefois
porté à douter de leur contemporanéité, bien que les roches
encaissantes soient toujours les mêmes. Ainsi, dans les dénudations
que j'ai signalées en dernier lieu, et où des bandes
de lignites se trouvent infraposées à des argiles coquillières,
les premières ne présentent qu'une masse tellement compacte
et homogène que, même à l'aide du microscope, il
est impossible d'y découvrir les moindres traces de structure
végétale ou d'un corps étranger quelconque, mêlé à la
substance charbonneuse d'un noir aussi foncé que celui de
la houille du terrain carbonifère; tandis que dans les profils
signalés plus pi'ès d'Akbounar, et surtout dans l'intérieur
des collines, on voit quelquefois des lignites fendus en plaques
plus, ou moins considérables, à teinte brunâtre et à
structure ligneuse, rappelant autant de troncs d'arbres
aplatis.
Le coup d'oeil rapide (¡ue nous venons de jeter sur la
zone littorale de la mer Noire comprise entre le cap Karabouroun
et Kilia semble conduire à cette conclusion que,
malgré leur similitude extérieure avec les dunes accumulées
par les vents, les buttes de sable échelonnées le long de la
côte et renfermant localement des dépôts de lignite n'ont
point cette origine, mais se rattachent probiiblement à un
vaste dépôt ([uaternaire opéré dans un milieu alternativement
d'eau douce et d'eau marine ou saumâtre, et ont été
immergées ensuite sous la surface de la mer Noire, dont elles
n'ont surgi qu'cà une époque très-récente. Il est possible
que, sous le double rapport de l'origine et de l'âge, les
sables littoraux de la mer Noire aient une certaine analogie
C H A P I T R E PREMIER. 3S1
avec les dunes de la côte algérienne, sur lesquelles M. Ville
a publié récemment d'intéressantes observations \ Or, sur
la côte d'Afrique, de même que sur celle du Pont-Euxin,
les sables se trouvent à l'état de dunes le long de la mer;
mais, à mesure que ces dunes s'éloignent du littoral, elles
s'affermissent et se couvrent de végétation; de plus, les
sables algériens (ainsi que probablement ceux de la mer
Noire) renferment des Bulimus et Hélix fossiles; enfin ils
alternent avec des argiles et se présentent tout aussi bien
au-dessous de ces dernières, à une certaine profondeur,
qu'à la surface du sol. Ce sont ces considérations (dont
plusieurs sont parfaitement applicables aux sables de lamer
Noire) qui ont déterminé M. Ville à placer les sables algériens
dans le terrain quaternaire.
IL
Le phénomène curieux que présente le littoral de la
Thrace se reproduit sur deux points situés à l'est et au
sud-ouest de ce littoral, savoir sur la côte de la Paphlagonie,
sur le littoral septentrional du détroit des Dardanelles
et sur le littoral occidental de la péninsule troyenne.
J'ai déjà signalé^ la première de ces trois localités, en
étudiant l'intéressant lambeau tertiaire inférieur qui forme,
dans les parages de Samsoun, des rochers assez élevés,
dont la surface est jonchée de coquilles, parmi lesquelles
1. yoyez Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences,
t. LVr, p. 440.
2. Terrain leriiaire inférieur, p. 218.