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312 CU.NGLUSIONS ÛÉNÉlîALES.
roches si répandues dans les terrains primaires de tous les
pays, savoir le gneiss et le granit, ne font pas défaut à
l'Asie iMineure, sans que cependant on ait droit de les aclmetlre
comme antérieurs aux terrains de transition, puisque
sur certains points, et notamment dans la Lycaonie et la
Galatie \ les granits révèlent une origine comparativement
récente; et quant aux gneiss particulièrement développés dans
les régions occidentales de l'Asie IMineure, ils y passent si
fréquemment aux micaschistes, que les deux roches paraissent
être contemporaines; or, puisque à leur tour les micaschistes
de l'Asie Mineure se trouvent très-intimement liés
aux thonschiefer et aux calcaires caractérisés par des fossiles
dévoniens, rien pour le moment ne démontre que le
gneiss de cette contrée représente réellement le terrain primaire.
I I . Lors de la longue époque des terrains de transition
pendant laquelle la charpente solide de notre globe formait
plusieurs séries d'archipels disséminés au milieu d'un immense
océan, l'Asie Mineure était réduite à un petit nombre
d'îlots, dont cinq seulement composés de dépôts fossilifères
situés sur les points les plus opposés de la surface qui
constitue la péninsule actuelle, savoir trois îlots dévoniens
représentés aujourd'hui par les contrées du Bosphore, la
Gilicie méridionale et la partie centrale de l'Anti-ïaurus, et
deux îlots carbonifères, dont l'un également dans l'Anti-Taurus
et l'autre sur le littoral de la mer Noire. Émergés pendant
les époques dévonienne et carbonifère, ces cinq groupes
insulaires paraissent avoir traversé dans cet état toutes les
périodes subséquentes, tandis que parmi les roches non fos-
I. Vovez Roches ëriiplives.
C O N C L U S I O N S GÉNÉRALES. yi s
silifères appai'tenant probablement au mêmeâgo (terrains de
Iransilion indélerminés) et qui composent une boime parlic
de l'ouest de la péninsule, il en est qui n'ont été soulevées
qu'après l'époque tertiaire inférieure, puiscpe la plupart des
dépôts de cette époque reposent sur les roches dont il s'agit.
Les dépôts dévoniens et carbonifères de l'Asie Mineure
sont plus ou moins bouleversés et souvent présentent dans
leurs conditions stratigraphiques de curieuses divergences'.
Sous le rapport paléontologique, ils sont loin d'offrir la variété
et la richesse qui caractérisent ces terrains en Europe et
dans le nouveau monde. Cependant le terrain dévonien de
l'Asie Mineure ne peut être considéré comme réellement
pauvre, que pour ce qui concerne la classe des poissons
et le règne végétal, tandis qu'il est remarquable, nonseulement
par l'abondance prodigieuse des individus qui y
représentent la classe des crustacés, des mollusques, des
bryozoaires, des annélides, des radiaires et des polypiers,
mais encore par la richesse et la variété qu'y offrent ces
classes. Ainsi, en ajoutant les fossiles recueillis par le
colonel Abdullah Bey, à ceux que j'avais déjà publiésS le
Bosphore seul comprend 71 espèces, dont 36 brachiopodes,
c'est-à-dire la moitié du total, repartis dans 12 genres; or,
malgré la prédominance générale des mollusques de ce dernier
ordre dans les faunes anciennes, cette proportion
relative de la moitié est un fait exceptionneP ; d'ailleurs les
1. Voyez Terrains de iransilion, p. 326.
2. Voyez ibid., p. 72S.
3. Voyez la note de Jh\L d'Arcbiac et do Ve.rneuil sur les fossiles recueillis
par Abdullah Bey, dans les Comptes rendus, etc., t. LXIV. Ces
fossiles seront décrits par M. de Verneiiil et ajoutés à la Paléonlologie de
l'Asie Mineure, dont j e me propose de donner prochainement une nouvelle
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