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s 16 CONCLUSIONS GÉNÉliALES.
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ces conditions sLraligraphiqacs, les dépôts crétacés offrent
une grande variété, depuis la disposition normale jusqu'au
redressement le plus violent de ses couches. Ce phénomène
paraît être intimement lié avec les éruptions des serpentines,
des trachytes et des porphyres pyroséniques dont
l'action commence à se prononcer d'une manière appréciable
en Asie Mineure pendant l'époque crétacée, car bien que
les dislocations des dépôts dévoniens, carbonifères et jurassiques
tiennent également à l'action d'agents semblables, le
soulèvement de ces terrains antérieurement aux dépôts crétacés
ne permet pas de préciser l'époc[ue à laquelle ils ont
subi cette action. Enfin, ce qui forme également un trait
caractéristique pour les dépôts crétacés de l'Asie Mineure,
c'est (fil ilí; consliliicnt le plus ancien représentant du littoral
méridional de la mer Noire, telquil existe en partie encore
aujourd'liui • car depuis le soulèvement de cette bande littorale,
elle ne paraît pas avoir subi d'immersions de longue
durée, puisqu'elle n'a point été recouverte parles sédiments
des époques subséc{uentes, comme l'ont été les dépôts crétacés
de la côte septentrionale de la mer Noire, tels que
ceux de la Grimée qui restèrent submergés jusqu'à la fin
de l'époque tertiaire. 11 s'ensuit que, pendant la période
crétacée, la mer Noire, tout en ayant déjà pour littoral méridional
une partie de la côte actuelle de l'Asie Mineure,
mais sans communication avec la Méditerranée, a du posséder
dans les directions du nord et de l'est une immense extension,
car du côté du nord-ouest elle s'étendait probablement
jusqu'à la Baltique au travers de la Podolie, de la
Volhynie et de la Prusse orientale, et du côté de l'est jusqu'au
delà du lac Aral, tandis que du côté du nord, son
littoral était formé par le terrain dévonien de la Courlande et
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des gouvernements de Vitebsk, de Smolensk et de Toula,
ainsi que par les terrains carbonifères, jurassiijues, crétacés
et permiens de Riazan, Vladimir, Simbirsk et Viatka; enfin
cet énorme bassin a dù être chamarré d'un grand nombre
d'îles, parmi lesquelles figuraient la partie sud-est de la
Crimée, le massif principal du Caucase, le steppe granitique
situé entre le Boug et le Dniéper, les dépôts crétacés
des gouvernements d'Orel, de RharkotT et de Voronèje, etc.
D'un autre côté, il résulterait des observations de M. le professeur
Oscar Fraas^ que, dans la Syrie, les montagnes crétacées
limitrophes du littoral n'auraient point subi d'immersion
postérieurement à leur soulèvement; en sorte que, de
même que certains points de la côte nord de l'Asie ftlineure
ébauchaient déjà depuis l'époque crétacée le littoral méridional
de la mer Noire, de même la lisière orientale de la
Méditeri-anée était marquée déjà à cette époque par certaines
chaînes montagneuses de la côte actuelle de la
S y r i e n
V. Le caractère éminemment insulaire que l'Asie Jiineure
conserva jusqu'après la formation de la craie blanche
et de la craie tuffeau, ne commença à disparaître qu'à l'époque
tertiaii-e inférieure, pendant laquelle la bande crétacée
du littoral du nord, ainsi que plusieurs des îlots de terrains
'1. Voyez son travail intitulé dem Orient; Geol. Beob. am Nil,
auf der Sinai-Uatbiiise lund in Syrien.
a. Parmi les renseignements géologiques les plus curieux que fournit
le livre de M. Fraas, figure sans doule la découverte, dans les dépôts creiacés
de Jérusalem, de AnimmiilKes, dont le savant allemand signale une
nouvelle espèce sous le nom de Nummuliles cretacea. Au reste, M. Louis
Lartet {Bull. Soc. géol.Fr., t. XXII, p. 183) avait déjà fait observer que,
dans la Syrie, les étages supérieurs du terrain crétacé manifestent une tendance
particulière à passer insensiblement au terrain crétacé.