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72 TE R R A I N TIÎRT1A.1RE MOYEN.
dit que cette tendance de formes organicjaes, pour la plupart
éteintes aujourd'hui, à la localisation et à l'individualisation,
avait acquis son plus grand développement précisément dans
un pays dont la faune et la flore actuelles reproduisent ce
même caractère à un degré plus prononcé c[ue dans toute
autre région connue, parce qu'aucune peut-être n'olfre
autant de variétés que l'Asie Mineure dans la configuration
du relief de son sol et par conséquent dans ses conditions
climatériques, ainsi que je crois l'avoir démontré, du moins
pour ce qui concerne la végétation et les phénomènes météorologiciues
111.
Après avoir jeté un coup d'oeil rapide sur les dépôts
miocènes des environs immédiats de Tarsous, et avoir signalé
les quelques traits saillants de sa faune, traits qui sont loin
'1. La deuxième partie de mou Asie Mineure, consacrée à la météorologie,
renferme des données curieuses sur les contrastes climatériques entre
les diverses régions qui composent cette péninsule, contrastes parmi lesquels
il suffit de rappeler d'une part les conditions météorologiques des
contrées littorEdes de Tarsous, d'Adana, etc., jouissant d'un climat presque
tropical, et, d'une autre part, celles des plateaux de Konia, d'Erzeroum, et
même des rives du Bosphore (voyez mon Bosphore et Conslanlinople,
p. 262), où les oscillations tliermométriques annuelles parcourent en
moyenne une échelle de [las moins de 50 degrés. On conçoit facilement les
inilaences énormes et variées que ces anomalies climatériques doivent exercer
sur la végétation; aussi la partie botanique de mon Asie Mineure
contient-elle près de 7,000 espèces de plantes observées jusqu'aujourd'hui
dans cette péninsule, encore si imparfaitement explorée ; c'est un chitire
quo ne présente point la llore d'aucun pays de la dimension de l'Asie Mineure.
CIIAIMTIIIÎ 111.
d'indiquer même les con!ours du tableau paléonlologique
que des recherches plus étendues et surtout plus soutenues
nous fourniront un jour, nous allons faire une coupe au
nord de Tarsous, en nous dirigeant de cette ville vers Nemroun,
et en traversant ainsi les dépôts miocènes depuis la
proximité du liltoral cilicien jusqu'au versant méridional du
Boulgar Dagh.
Ou chemine d'abord pendant une deiîii-heure au milieu
des dépôts superficiels de la plaine, et l'on entre ensuife
dans le domaine des collines miocènes, composées ici de
bancs horizontaux de calcaire crayeux qui me fournirent
les fossiles suivants :
Conus Brocchii, Bronn.
Turrilella subangulala, Brorc.
Lucina columhella, Lmlv.
Arca l\oe, h.
Modiola subbarbala, Fiseh.
Xiicula placenlina, Lmk.
Ce n'est qu' à trois quarts d'heure au nord-ouest de Tarsous
que l'on commence à monter légèrement sans que les
dépôts miocènes aient cependant complètement disparu, car
on en voit encore dans les vallées qui séparent les hauteurs.
A 2 lieues environ de Tarsous, le calcaire devient siliceux en
revêtant des teintes tantôt grises, tantôt blanches, et en
prenant une texture grenue qui le porte à se désagréger
facilement, en sorte qu'il donne naissance à des amoncellements
de sable coloré en jaune ou en rouge par l'oxyde de
f e r ; le calcaire siliceux est d'abord sans fossiles, mais
bientôt on y voit apparaître, quoique par dépôts essentiellement
locaux, VOulrea crassissima, associée à beaucoup de
fragments indétenninables d'huîtres.