20 i T E R R A I N TERTIAIRE SUPÉRIEUR.
Quant à la région comprise enlrc Aktcheuren et l'embouchure
du Gebren Tchaï dans le lac de Bouldour (autrement
appelé Guendjelu Gueul), je ne puis en déterminer
positivement la constitution géologique, n'ayant pas exploré
cette contrée ; cependant il est très-vraisemblable qu'elle
est également occupée par les dépôts lacustres, eu égard
au développement très-considérable que présentent ces
dépôts dans les parages limitrophes, notamment tout le long
du bord méridional du Guendjelu Gueul, ainsi que cela
résulte des observations suivantes que j'ai été à même d'y
faire.
En elTet, à l'endroit où il débouche dans le Guendjelu
Gueul, le Gebren Tchaï otire sur ses rives de fort belles
dénudations de marnes et argiles bleues horizontalement
stratifiées, qui, sans nul doute, font partie des dépôts lacustres
si largement développés à Bouldour, car elles ne
sont séparées de ces derniers que par quelques hauteurs de
brèches d'une origine problématique (peut-être également
lacustre), mais cà éléments empruntés aux roches éruptives;
c'est ce qui m'avait déterminé à les décrire dans la partie
de cet ouvrage consacrée à ces dernières ^
A mesure que l'on s'avance du sud-ouest au nord-est
le long du bord méridional du lac, pour se rendre d'Yaza
Kevi à Bouldour, on voit reparaître les dépôts de marnes
et argiles horizontalement stratifiées, s'appuyant sur les
flancs des hauteurs de bi'èclies susmentionnées et passant
insensiblement à des calcaires empreints du cachet lacustre;
d'ailleurs la contrée revêt la physionomie si caractéristique
en Asie Mineure pour les dépôts d'eau douce. C'est au mi-
1. Voyez Roches éruplives, p. 223.
f ¿ •é
CHAPITRE m. 205
Heu de ces masses blanches, arides et nues, à contours
linéaires, divisées avec une admirable régularité en bancs
horizontaux, que se trouve la petite ville de Bouldour, à une
altitude de 1,000 mètres.
Associées localement aux calcaires, les argiles et marnes
bleuâtres forment à elles seules, sur plusieurs points, surtout
le long de la plage du lac, des hauteurs assez considérables.
Dans un ravin creusé dans ces argiles, j'observai, à
côté de quelques petites paludines à faciès très-récent, une
immense quantité de Dreissena appartenant à une espèce
nouvelle que M. d'Archiac a nommée Dreissena buldurensis
^ et qui également a un aspect très-moderne, en sorte
que, si réellement elle ne vit pas aujourd'hui dans le lac
même, elle se rapporte sans doute au terrain quaternaire.
La couche qui renferme tous ces restes organiques se trouve
à peu près au niveau du lac, mais à quelques centaines de
mètres au sud-ouest de ce dernier.
Autant que l'on peut en juger en la voyant de Bouldour, la
rive opposée ^(septentrionale) du lac paraît être occupée par
les roches éruptives (ou par les brèches susmentionnées),
sans que l'on aperçoive de dépôts lacustres, dont la teinte
blanche et les contours linéaires les feraient reconnaître de
loin. Dans tous les cas, s'il en existe réellement sur la rive
septentrionale, il n'est pas probable qu'ils s'étendent bien
avant au delà (au nord-est) de la ville de Bouldour, car ils
doivent être limités dans cette direcdon par les trachytes.
Par contre, les dépôts lacustres sont largement développés
au sud-est de la ville, surtout dans la vallée qui conduit de
Bouldour à Aglasan. La partie de cette vallée comprise
1, Voyez Paléontologie de l'Asie Mineure, p. 3D0, pl. vi, Og. 8.