488 ï l î l î R A I N S TIÎRT. flDP. ET l'OST-TEHT. UÉ6 UMÉ. 489
M. Hermann de Schlagintweit déclare (contraii'ement à
l'opinion du D'' Hoolcer) que « il n'exisle point dans la Uavle
ime période glaciaire, on période d'aljaissement extraordinaire
de tempériiture, et qu'on voit plutôt que, maintenant
encore, les étendues des glaciers n'y diffèrent pas beaucoup,
cjuant à la tempéra(iu-e, des positions les pins basses que
nous connaissons pour l'Europe dans la période glaciaire. »
Eniln quant à la Syrie, l'existence d'anciens glaciers n'y
est pas encore irrévocablement démontrée, car quoique le
()•• Hooker ait signalé sur le Liban des moraines descendant
jusqu'à 1,200 mètres au-dessous des plus hauts sommets
de ce groupe montagneux oii les neiges perpétuelles
sont inconnues aujourd'hui, 31. Louis Lartet, qui a si consciencieusement
exploré cette contrée, n'a pu y découvrir ni
anciennes moraines ni surfaces striées ou polies, bien que
ce savant n'entende nullement infirmer les assertions de
M. Hooker; au contraire il les trouve probables et même
de nature à expliquer plusieurs phénomènes géologiques
relatifs à la mer Morte'.
Quoi qu'il en puisse être, l'existence ou le défaut des
phénomènes glaciaires en Syrie ne sauraient altérer sensiblement
le caractère sporadique et irréguliei- que présentent ces
phénomènes, lorsque nous les voyons si brusquement s'interrompre
dans la Russie méridionale, manquer aux péninsules
anatoliqne et turco-hellénique ainsi qu'au Caucase, et tour à
tour surgir et disparaître dans le grand continent asiatique,
sans aucun rapport avec les latitudes et le relief du pays,
genre d'indépendance que l'on conçoit dans la distribution
des terrains géologiques, mais qui devient inexplicable quand
1. liidl. Soc. génl. Fr. 2= sér., f. XXII, p. 420.
il s'agit de phénomènes thermiques. Au reste, ces anomalies
sont tout aussi considérables lorsque nous examinons la
répartition des phénomènes glaciaires à l'ouest de l'Asie
Mineure, c'est-à-dire en Europe et dans le nouveau monde.
En effet, M. Goodwin-Austin fait observer' que les blocs
erratiques d'origine scandinave sont inconnus en Belgique,
et que, par conséquent, ce petit pays a été complètement
soustrait à l'action de la catastrophe qui, lors de la dernière
époque glaciaire, a transporté des dépôts erratiques du nord
au sud à travers l'Europe septentrionale. De même, au commencement
de l'époque post-pliocène, la température de la
mer qui baigne la Sicile a dû subir un abaissement trèsconsidérable
% sans que cependant son action réfrigérante se
fît sentir sur les côtes occidentales de la Morée, séparées de
celles de la Sicile par un bras de mer pas plus large que
la distance entre Paris et Bordeaux. Enfin, tandis qu'en
Europe les phénomènes glaciaires n'ont qu'exceptionnellement
dépassé le parallèle de 50 degrés de latitude, en Amérique
ils ont été constatés sous des latitudes presque deux
fois plus basses, clans des régions brûlées par un soleil
ardent; ainsi, selon W.-P. Blake% les rochers gi-aniti([ues
de la Sierra Nevada en Californie, par 36-38 degrés de latitude
nord, sont fortement striés et polis jusqu' à une hauteur
de 3,300 mètres, et M. Agassiz a constaté des traces par-
'1. Quart. Journ. of Ihe geol. Soc., v. XXII, p. 228-234.
2. Ce fait est prouvé par la présence dans les dépots quaternaires de la
Sicile de mollusques qui n'habitent plus aujourd'hui que les mers du Nord,
tels que Panopoea norvegica, Cyprina islawlim, Lec/a pygmoea, etc.
Or, rien de semblable n'a encore été constaté sur les côtes occidentales de
la ]\[orée.
3. Comptes rendus, etc., t. LXV, p. '179.
â