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•M6 TERRAIN TERÏIAIRIÎ MOYEN.
11 serait prématuré de décider dès à présent la question
de savoir si les dépôts de sel de l'Asie Mineure sont le résidu
d'une ancienne mer ou bien le produit de sources thermales,
deux agents qui, selon les savants voués à ce genre d'études,
se partagent le droit d'avoir donné naissance aux principaux
amas de sel connus jusqu'aujourd'hui. Ainsi le professeur
A. E. Reuss revendique pour les salines de Wieliczka une
origine décidément marine % et telle est également l'opinion
du professeur E. lleichardt à l'égard des célèbres dépôts
de StassfurtS car ce savant fait observer que, malgré la
prodigieuse variété de substances associées à Stassfurt au
chlorure de sodium (boracite, carnallit. léopoldit, chlorures
de potassium et de magnésie, etc.), tous ces sels
peuvent être artificiellement obtenus en évaporant l'eau de
mer, même à la température ordinaire. D'un autre côté,
Virlet d'Août attribue ® à l'action des sources thermales la
formation des nombreux lacs salés du Mexique, et les dernières
recherches de Louis Lartet^ rendent cette origine
très-vraisemblable à l'égard de la mer Morte ainsi que des
lacs salés du midi de la Russie (Elton, Rogdo, Indersk, etc.),
parce que tous ces bassins renferment certains sels que l'eau
de mer n'a pu leur fournir, mais dont la présence a été
sel et de gypse situés à l'ouest et à l'est de Wieliczka, tels que ceux de Troppaii,
de ïhorda et de Maros-Ujvar en Transylvanie. D'après cela, les dépôts
de sel de l'Asie Mineure seraient un peu plus anciens que ceux dont il
s'agit, car les assises supérieures (Tegel) du bassin miocène de Vienne
manquent à la péninsule anatolique.
1. Loc. cil.
2. Voyez G. Leonhard et H.-B. Geinitz, Neues Jahrb., etc., ann. 1866,
p. 35.
3. Voyez Bidl. Soc. géol. de France, série, t. XX, p. 404.
4. /¿»¿rf.,t. XXIII, p. 719.
RÉSUMÉ.
constatée (du moins pour ce qui regarde la mer Morte)
dans les sources thermales de ces contrées; aussi M. Lartet
attribue à des sources de cette nature, non-seulement la
majorité des substances salines de la mer Morte, mais
encore les gîtes bitumineux de cette partie de la Judée % en
admettant que des sources thermales chargées de substances
salines ont pu emprunter le bitume à des gîtes de végétaux
fossiles, hypothèse qui rendrait vraisemblable la connexion
intime qui existe dans plusieurs pays entre la présence des
dépôts de sel et celle de dépôts de bitume'.
1. Voyez Bull. Soc. géol. de France, t. XXIV, p. 12.
2. Conformémenl à cette hypotlièse, le manque ou du moins rextrêmo
rareté des dépôts bitumineux dans les régions occidentales et centrales de
l'Asie Mineure, y ferait supposer a priori un développement très-peu considérable
de gîtes de végétaux fossiles appartenant aux formations carbonifère
ou secondaire, conjecture justifiée par l'étude géologique de cette
partie de la péninsule, tandis qu'il n'en serait pas de même des régions
situées immédiatement à l'est de l'Asie Mineure, où les émanalions d'hydrogène
carburé dans les parages de la mer Caspienne ainsi que d'abondants
dépôts de substances bitumineuses a l'élat solide ou fluide sembleraient
attester la présence de la houille à une certaine profondeur, ce qui expliquerait
pourquoi, dans ces régions, les dépôts de sel se trouvent associés ii
des dépôts de bitume, tandis que dans les contrées occidentales de l'Asie
Mineure, les premiers seuls se sont formés. Il est vrai que les dépôts bitumineux
sont également très-rares dans la Transylvanie, bien que les dépôts
de sel et les gîtes de plantes fossiles n'y manquent guère ; mais, ainsi que
l'a fait observer M. E.-A. Bielz {Verhandl. v. Millheil. d. Siebenbiirg.
Vereins f. Kalunoiss. zu Ilermamladt, t. XVI, p. 216), comme ces gîtes
végétaux appartiennent aux terrains tertiaires, les trachytes de la Transylvanie
qui se rapportent également à cette époque auront empêché la formation
de dépôts bitumineux en volatilisant le bitume lors de leur passage à
travers les lignites. D'un autre côté, dans la Galicie, dont les dépôts de
substances bitumineuses ont été l'objet d'études remarquables de la part de
J.-G. Ellenberger {.Jahrh. der k. h. geol. Reichsansl., t. XVII, p. 292-308),
le pétrole se trouve également associé à des dépôts de sel, seulement dans