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calcaire rempli de fossiles, parmi lesquels clominent les
Coralliaires, associés à quelques coquilles malheureusemeiit
presque toujours à l'état de moule, ou bien trop mutilées
pour que l'on puisse obtenir des échantillons susceptibles
d'une détermination spécifique; cependant j'ai pu y recueillir
quelques individus de la Aenophora Deshayesi, mollusque
que je n'ai guère observé nulle part ailleurs. Les hauteurs
que constitue le calcaire revêlent souvent des contours tellement
variés et pittoresques que, sans l'aide de fossiles, le
géologue serait d'autant moins porté à les prendre pour des
dépôts miocènes, qu'en parcourant la contrée comprise
entre Kouden Koï et Djebelhissar, c'est-à-dire sur une ligne
de plus de 9 lieues, il n'a toujours vu ces dépôts que sous
la forme de parois nues, alignées comme au cordeau ^
Par son extrémité sud-est, le massif de Djebelhissar se
rattache au plateau sur lequel est situé, à une altitude de
1776 mètres, le petit village d'Ouzounbourdj, fort remarquable
à cause des belles et vastes ruines qui l'entourent, et
dont l'étude serait sans doute une nouvelle acquisition pour
l'archéologie ; car, si je ne me trompe, elles n'ont jamais
été décrites, ni même identifiées avec aucune des villes
signalées par les auteurs anciens dans cette contrée. Le
plateau est très-rocailleux et séparé, dans ses parlies ouest
et sud-ouest, par une gorge étroite, d'un renflement qui
s'étend du nord-ouest au sud-est. C'est sur les surfaces
presque horizontales qui constituent les bords de cette gorge
1. Le nom même de Djebelhissar indique les formes variées de ce
groupe montueux, car djebel signifie en arabe monlagne, et le mot hissai
est généralement appliqué, en turc, à tout ce qui a l'aspect d'un château
ou d'une tourelle, en sorte que l'on peut traduire Djebelhissar par m.onl
aux tourelles.
que se trouve la majeure partie des ruines de l'anticiue cité,
dont l'étendue a du avoir été très-considérable
A mesure (|ue l'on franchit le plateau d'Ouzounbourdj
dans la direction du sud, la contrée devient de plus en plus
accidentée; c'est une succession de gorges généralement
dirigées du nord-ouest au sud-est, et séparées les unes des
autres par des remparts souvent assez pittoresques de calcaire
miocène, calcaire fort riche en polypiers mais malhetireusement
très-pauvre en formes susceptibles de détermination
spécifique. A 3 lieues environ au sud du village
d'Ouzounbourdj, les montagnes s'abaissent considérablement
. toutefois les vallées conservent encore une altitude
moyenne de 1000 mètres. C'est à 5 lieues au sud d'Ouzounbourdj
que l'on commence à descendre dans la vaste
plaine de Selefké, au milieu de beaux taillis de chênes, d'ost
r y a {Ostnia vulgaris, Lmk.), de charmes (Carpinus orientalis,
Lmk.). de myrtes, d'arbousiers (Arbuliis unedo), etc.
La descente est beaucoup moins pénible, grâce à l'inclinaison
des surfaces qui sont peu abruptes, aussi bien qu'aux
débris d'un ancien pavé dont elles sont encombrées. Les
approches de Selefké, abordé par ce côté (par le nord),
respirent un air assez frais et riant; on atteint la petite
bourgade en franchissant la rivière par le même pont que
l'on traverse lorsqu'on se rend à Selefké par la vallée du
Gueuk Sou.
1. J'ai donné quelques renseignements relativement aux ruines d'Ouzounbourdj,
dans ma Lellre à M. Mohl sur les anliquités de -l'Asie
Mineure, publiée dans le Balleiin de la Société asiatique de France,
année '18o4, n" 8.
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