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tué, et qui s'étendent sur toute la plaine au nord e[ au nordest
de Severek; ce sont pour la plupart des iragmenfs de
calcaire bleu et de marbre, empruntés probablement aux
vastes intumescences de terrain de transition (?) limitrophes
de Severek \
A 2 lieues 1/ 2 au nord-est-nord de Severek, la plaine se
couvre d'efflorescences salines, et de nombreuses flaques et
fondrières d'eau saumâtre annoncent les approches du Boulouk
Gueul (Mourad Gueul), bassin assez étendu, revêtu
d'une nappe blanche, qui de loin se présente comme une
couche de sel, mais qui, examinée de près, est une croûte de
limon bleuâtre, blanchie par une substance amère fort analogue
au sulfate de magnésie, ce qui établit; une différence
essentielle entre le Boulouk Gueul et le lac voisin du Touz
Gueullu, qui n'est, pour ainsi diie, qu'une masse compacte de
chlorure de sodium, assez solide pour supporter de lourds
chai-iots, tandis que la mince écorce qui revêt l'eau du Boulouk
Gueul cède au moindre poids. Aussi, la diiférence chimique
entre les substances salines qui revêtent les deux lacs
et en imprègnent les plages, se traduit-elle par les espèces
végétales qui habitent ces dernières, car, tandis que les plages
du Touz Gueullu nourrissent plusieurs halophytes, les
quelques plantes observées par moi près de la rive occidentale
du Boulouk Gueul ne reproduisent guère le type caractéristique
pour la végétation des sols salins proprement dits;
ce sont des formes non-seulement oi'ientales, mais encore en
grande partie exclusivement propres à cette localité, ou du
moins à un très-petit nombre de localités plus ou moins
limitrophes ^
1. Voyez Terrains de transUion, p. e-l 4.
2. Parmi les plantes que j'ai observées dans la plaine attenanle au lac
C H A P I T R E Vlir. 361
Tout à côté de la rive sud-ouest du Boulouk Gueul, on
voit sourdre une source d'eau à goût amer, qui forme un
ruisseau débouchant dans le lac, ce qui semble indiquer que
ce dernier est alimenté par des réservoirs souterrains, contenant
les substances dont sont imprégnées l'eau du lac amsi
que la croûte solide qui en revêt la surface. Les bords occidental
et méridional du Boulouk Gueul sont bas et hérissés
de plantes palustres, parmi les([aelles domine le Scirpus
rnarilima, L., mais les l)ords nord-est et est sont occupés
par des collines de calcaire lacustre, qui s'appuient sur
les massifs de terrain beaucoup plus ancien (terrains de
transition [?]) échelonnés entre le Boulouk Gueul et leTouz-
Gueullu; ce dernier lac est séparé de ces massifs par une
plaine marécageuse.
Les collines lacustres c{ui s'élèvent le long du bord septentrional
du Boulouk Gueul se trouvent traversées (à 5 kilomètres
environ au nord de ce lac) par une vallée dirigée
en moyenne de l'ouest à l'est, et arrosée par le ruisseau Inevi
Sou qui se dirige vers le Touz-Gueullu, mais probablement
sans l'atteindre. La fraîche verdure dont est revêtu le
fond de cette vallée contraste agréablement avec la nudité
de Roulouli, revêtue de sulfate de magnésie (? ) ou baignée par les eaux à
goût amer qui contiennent ce sel en dissolution, je ne mentionnerai que
les suivantes : LoLus Gebelii, Vent., Hedysarum syriacum, Boiss., Genista
•pulveralenici, Piseli., liaplophyUum myrlifolium, Boiss., II. sulfureum,
Boiss., Bimgea IcUifolia, C. A. Mey., et Slalice globulifera, Boiss.; or,
sur ces 7 espèces, 4 ( GenisLa pidv., les liaplophyUum et la Slalice
glob.) sont exclusivement propres à l'Asie Mineure, où môme elles sont
très-rares, tandis que les 3 autres n'avaient jamais été observées en dehors
de la Syrie, du Caucase et du bassin de la Caspienne avant que je les eusse
découvertes également en Asie Mineure, où cependant leur aire d'expansion
paraît être fort restreinte, puisque, pour le moment, elles n'ont été
constatées par moi que sur les plages du Boulouk Gueul.