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458 Tlî lì R A I N S POST-TERTIAIRES.
ciables, cai-j'ai vu clans le grand bassin plusieurs habitants
de Kisserliissar se baigner en le traversant debout, sans
que leurs pieds eussent à franchir des inégalités quelconques
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Dans la continuation occidentale de la plaine où sont
situés les petits bassins circulaires dont il s'agit, et à o lieues
environ au nord d'Éi'egli, se trouve toute une série de soiuces
tlierraales% sur la crête d'une rangée de collines alignées
du sud-est-sud au nord-ouest-nord. Ces dernières
sont l'ouvrage des sources mêmes, dont les orifices se bouchent,
à mesure que les dépôts qu'elles forment en exhaussent
les bords, au point que la colonne d'eau ne peut plus les
franchir et se trouve forcée à s'ouvrir une autre issue. De
cette manière, on voit des sources nouvelles surgir successivement
à côté des sources comblées, en s'échelonnant toujours
sur une même ligne. Dans toutes les sources actives,
le dégagement du gaz est très-perceptible et accompagné
d'un bruit plus ou moins prononcé. Les dépôts qu'elles produisent
sont tantôt du chlorure de sodium, tantôt du soufre,
tantôt du sulfate ou carbonate de chaux. Sous le rapport
1. Les sources boueuses de Kisserliissar rappellent beaucoup celles de
la Sicile et notamment les macalube de Girgenti, et il serait d'autant plus
intéressant de connaître la çature des gaz émis par ces sources que
M. Fouqué {Comptes rendus, etc., t. LXI, p. m] a prouvé combien
celles de la Sicile diiîèrent les unes des antres sous le rapport des proportions
que présentent les mêmes éléments gazeux. Ainsi dans la source de
Girgenti, l'acide carbonique est de 1,60, tandis que dans les sources de Paterno,
de Palici et de San Biagio, les proportions sont de 95,35 de 93,49
et de 74,99; de môme, dans les sources de Paterno et de Girgenti, l'azote
est de 2,94 et 3,74, tandis que dans celles de Santa Venerina, il est
de 22,15.
2. Voyez ma Géographie phys. camp., p. 361-362.
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de la température, elles oITrent les plus grandes variétés,
car tandis que les unes ont de 30 à 40 degrés de chaleur,
d'autres sont à peine tièdes ou d'une température inférieure
à celle de l'air; ainsi au pied même de la rangée de collines
qui portent les sources thermales, on voit sortir un ruisseau
d'une fraîcheur remarquable.
Les dépôts détritiques dont est revêtue la plaine qui, au
sud, au sud-est et au nord-est d'Éregli, bordent les contreforts
et les ramifications du Boulgar Dagli, sont composés
d'éléments tellement variés et en même temps si intimement
mélangés, c[u'une longue et scrupuleuse étude pourrait
seule déterminer la part qui y revient aux roches limitrophes
et subjacentes, c'est-à-dire, d'un côté, aux roches diverses
qui composent les versants nord-ouest et ouest du
Boulgar Dagh, et d'un autre côté, aux roches — probablement
calcaires lacustres pliocènes — qui forment la charpente
solide de cette plaine. D'ailleurs, il se pourrait que
quelques-uns des éléments constitutifs des dépôts détritiques
eussent été apportés de beaucoup plus loin, et par conséquent
offrissent le caractère du diluvium proprement dit.
En un mot, dans l'état actuel de nos connaissances de ces
contrées, il n'est guère permis de formuler rien de positif
sur l'origine, et souvent même sur la nature minéralogique
des dépôts superficiels de la grande plaine qui borde le
versant nord-ouest du Boulgar Dagh.
L'incertitude sous ce rapport devient moins grande
quand il s'agit des vallées intérieures de ce dernier groupe
montagneux, surtout de celles qui en sillonnent le versant
méridional, et parmi lesquelles quelques-unes présentent des
dépôts détritiques superficiels plus ou moins considérables,
comme entre autres les vallées du Tarsous ïchaï [Cydmis),