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geuse, mais encore la configuration générale de la côte et
particulièrement de la région comprise entre le Keupru Sou
(Eunjmedon) et le iMenavgat Tchaï {3Ielas), a subi de
notables modifications'; et il en est de même du régime des
cours d'eau qui sillonnent cette partie du littoral, et dont la
très-grande majorité ont considérablement perdu de leur
largeur et surtout de leur profondeur. Je ne rappelerai à cette
occasion que l'Ak Sou, l'antique Cestnis qui, à l'époque de
Pomponius Mela, était parfaitement navigable, et que, du
temps de Strabon, les navires remontaient jusqu'à la ville de
PergBj, dont les ruines sont situées à 6 lieues en amont de la
rivière, tandis qu'aujourd'hui, même à son emboucluire, l'Ak
1. Ainsi, en décrivant la côte de la Pampbylie, Strabon (1, XIV, 3)
dit qu'il l'est de VEimjmedon, se trouve une autre rivière, « vis-à-vis de
l'embouchure de laquelle s'élèvent beaucoup d'îlots; puis vient la ville de
Side et ensuite la rivière de Mêlas, ayant un bon ancrage. » Or, comme,
d'après les meilleures autorités archéologiques, Eslci Adalia occupe aujourd'hui
la place de Side, c'est entre Eski Adalia et l'embouchure du Keupru
Sou [Eiirymedon] qu'il faut chercher le groupe d'îlots dont parle Strabon.
Il est vrai qu'il ne nomme point la rivière vis-à-vis de laquelle il les place,
en sorte qu'il devient difBcile de décider lequel des nombreux ruisseaux
cjui sillonnent cette partie de la côte représente le cours d'eau qu'entendait
Strabon; toujours est-il que, sur toute l'étendue de la côte comprise entre
Eski Adalia et l'embouchure du Keupru Sou, on n'a jamais pu découvrir
une trace d'îlots quelconques, bien que déjà l'amiral Beaufort les eût vainement
cherchés, et que moi-même j'eusse renouvelé ces investigations
sans obtenir aucun résultat. Lorsqu'on considère que la plage de cette portion
de la côte offre beaucoup d'échancrures et de saillies, il devient probable
qu'à la suite du développement progressif qu'elle a successivement
acquis, les îles ont fini par en faire partie intégrante. Quant à l'ancrage
que Strabon indique à l'emboucliure du Mêlas et qui supjiose une certaine
sinuosité locale dans les contours de la côte, celle-ci n'offre à l'embouchure
du Menavgat Tchaï {Mêlas), qu'une bande presque linéaire de
sable.
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Sou est à peine accessible aux barques les plus légères \
A mesure que l'on s'avance à l'est du Karga Tchaï,
le long de la côte cilicienne, on voit la plage alluviale se
rétrécir de plus en plus. Elle disparaît presque complètement
sur le littoral sud-ouest et sud de la Cilicie trachée,
OLt le plus souvent les montagnes plongent dii'ectement dans
la mer. Ce n'est qu'à l'embouchure du Gueuk Sou {Cahjcadnusy,
que se présente de nouveau une plage considérable,
d'origine éminemment récente, et dont le développement
continue encore aujourd'hui d'une manière appréciable,
ainsi que me l'ont positivement assuré les Iiabitants de
Selefké.
Comme le delta du Gueuk Sou, mais surtout la bande
alluviale qui s'y rattache du côté du nord-est, se trouve
dans la proximité du versant inéridional du Boulgar Dagh,
nous allons quitter pom' quelques moments le littoral, afin
de jeter un coup cl'oeil sur les dépôts post-tertiaires que
renferme ce groupe montagneux, ainsi que la vaste plaine
qui le borde au norcl-ouest-nord. Nous commencerons d'abord
par cette dernière et puis nous traverserons le Boulgar
Dagti, pour redescendre de là vers le littoral.
1. Voyez dans ma Géographie phj/s. comp., p. 275-278 !a description
du Ceslrus et de VEurymedon tels qu'ils étaient jadis, do même que
p. 382, les considérations que j'ai développées sur les constructions nautiques
de l'antiquité, afin d'apprécier à sa juste valeur le sens attaché au
terme do rivière navigable usité par les auteurs anciens. Ainsi que je
crois l'avoir démontré, la différence qui existe entre le volume de nos
vaisseaux et celui des vaisseaux anciens, n'empêche nullement de considérer
comme ayant subi un grand changement dans leur régime, ceux
des cours d'eau que les anciens qualifiaient de navigables et qui ne le
sont plus aujourd'hui, même dans le sens le plus restreint.
2. Voyez sur le Calycadnus, ibid., p. 288.