418 TERUAINS POST-TERTIAIRES. C H A P I T R E II. 419
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les dépôts, dus aux sources thermales, impriment à cette
surface le caractère d'une formation contemporaine^
Du côté du sud, le delta du Tuzia Tchaï est limité par
les trachytes qui composent exclusivement l'extrémité sudouest
de la Troade, ainsi qu'une partie de la côte méridionale
de cette péninsule, où ils plongent dans la mer en
falaises plus ou moins abruptes. Mais sur la ligue côtière qui
constitue le bord méridional du golfe d'Edremid, le développement
des plages alluviales est, dans plusieurs endroits,
favorisé par la pente douce des côtes et la retraite locale
des montagnes; aussi, des surfaces unies assez considérables
bordent la mer, depuis la plaine d'Edremid jusqu'au
delà de Kemer, de même que dans les parages d'Aïvaly et
d'Ayasma. Au sud de cette dernière localité, les trachytes
envahissent la côte de nouveau, jusqu'à l'embouchure du
Bakur Tchaï (Caïcus).
VIII.
Presque toute la surface de la vallée ctu Bakur Tchaï est
composée de dépôts détritiques, quelquefois dissimulés par
une couche épaisse de terre végétale, d'autres fois ne présentant
que des masses nues de sable jaune ou noir, dont la
majeure partie est peut-être le produit de la désagrégation
des roches limitrophes, ou même de celles qui constituent le
sous-sol. C'est cette double origine que paraissent avoir les
1. Malgré la température élevée (de 30 à 40° centigr.) du sol baigné
par les sources chaudes, il est revêtu çà et là par quelques plantes, parmi
lesquelles j'ai observé la Linaria Pelessiriana, Chav., et la Bellevalia
comala, Knth.
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dépôts de sable qui revêtent la belle plaine comprise entre
Yahya Koï et Rergama, dépôts qui, bien qu'interrompus à
l'est de cette dernière ville par des massifs calcaires, que je
range provisoirement dans le terrain tertiaire inférieur, apparaissent
de nouveau à l'est et au nord-est de KirkagaLch ;
ils dominent dans les parages traversés par le cours supérieur
du liakur Tchaï, là où, sur le bord oriental de la
vallée, se trouve Bäsch Gelembé. Dans sa partie inférieure,
la vallée s'élargit en une plaine alluviale assez vaste, qui
représente non-seulement le delta du Baktir Tchaï, mais
encore celui du Madara Tchaï.
La réunion de ces deux deltas paraît avoir été opérée
dans le cours |de l'époque historique, à la suite de l'obstruction
de l'embouchure du IMadara Tchaï, qui n'atteint
plus aujourd'hui la mer, tandis qu'il n'en fut pas de même
du temps de Strat)on, puisque le géographe d'Amasia dit
positivement' que XEvenus (Madara Tchaï) se jette dans
le Sinus elaiticus (golfe Tchandarlyk) à côté de Pitane
(Tchandarlyk). Quant à l'embouchure du Bakur Tchaï,
elle ne paraît pas avoir subi de notables changements depuis
l'antiquité classique, car cette embouchure se trouve encore
aujourd'hui non loin de l'endroit oii existait jadis celle de
VEvenus, De même, les dimensions actuelles du delta du
Bakur Tchaï ne semblent guère différer considérablement
de celles qu'assignait Strabon au delta du Caicus. Près de
son embouchure, le lit de cette rivière est fort large, mais
son eau, presque immobile et plus ou moins limoneuse, a si
peu de profondeur que pendant l'été elle est toujours
guéable, ainsi que j'eus plus d'une fois l'occasion de m'en
1. L. XIII, 247.