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véoles ou de petites cavités, en un mot, reproduisent complètement
la physionomie si éminemment caractéristique
pour les calcai res d'eau douce de l'Asie Mineure, comme
aussi plus ou moins, de nos contrées d'Europe.
Les dépôts miocènes qui, à environ 3 lieues cà l'ouest-sudouest
d'Enderès et notamment entre les villages de Walldialu
et de Kyzbeli, se trouvent en contact avec des dolérites, n'offrent
aucune trace de modification dans la proximité immédiate
des roches éruptives, car les couches conservent leur
parfaite horizontalité, ce qui semblerait indiquer que l'éruption
des dolérites a eu lieu antérieurement à la formation des
sédiments miocènes. Cependant dans les parages de Kyzbeli,
des marnes noires, jaunâtres ou vertes, plus ou moins feuilletées,
ont l'aspect de roches durcies ou frittées par le feu,
et d'ailleurs elles sont disposées en couches tantôt verticales
tantôt inclinées au sud-ouest-sud; or ces marnes font évidemment
partie du terrain tertiaire moyen, car dans le voisinage
immédiat de Kyzbeli, elles passent insensiblement à
des calcaires caractérisés par des Peclen miocènes et notamment
par le P. planocostatus, Abich, et le P. scahrellus,
Lmk. Ces calcaires forment des hauteurs qui bordent des
deux côtés (au nord et au sud) la vallée où se trouve Kyzbeli;
ils sont disposés en couches soit horizontales, soit légèrement
inclinées; dans ce dernier cas, les hauteurs qui
marquent la lisière septentrionale de la vallée présentent
souvent un plongement au sud-ouest, tandis que celui au
nord-est caractérise le bord opposé.
Les dépôts tertiaires moyens que je viens de signaler
(entre Kyzbeli et Enderès), constituent le dernier représentant
de cet âge observé par moi dans la partie du Pont comprise
entre Tokat et Erzindjian, car dans la vaste contrée
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que j'ai traversée depuis cette dernière ville et Enderès, les
dépôts miocènes disparaissent complètement, ou du moins
ne se trouvent point révélés par des caractères paléontologiques
ou strati graphiques ; ce n'est qu'à l'est d'Erzindjian
(et par conséquent déjà en Arménie), et notamment
entre ce dernier petit bourg et Erzeroum, que l'existence
du terrain tertiaire moyen est de nouveau positivement
démontrée.
IV.
Lorsqu'on se dirige d'Erzindjian à Erzeroum, le long
du bord septentrional de la vallée de l'Euphrate, on traverse
à peu près, à 5 lieues à l'est du village cleKalaratch, une
gorge nommée Mutavderessi, qui s'élève à une altitude de
plus de 2000 mètres, et dont les parois intérieures se trouvent
obliquement rayées par les couches contournées et plus
ou moins fortement redressées d'un calcaire marneux ou
siliceux. Il est généralement blanc, mais il passe localement
à des teintes grises, violettes et rouge foncé; presque toujours
il alterne avec des marnes feuilletées noires ou
rouges et plonge au nord-est, là où le redressement n'est
point vertical.
Ces roches qui, par leurs caractères pétrographiques
mais surtout stratigraphique, seraient bien loin de rappeler
le terrain tertiaire moyen au géologue habitué à le voir en
Asie Mineure sous la forme de dépôts calcaires coloriés de
teintes uniformes et claires, et horizontalement stratifiés,
font néanmoins partie de ce terrain, eu égard aux nombreux
fragments de fossiles à faciès miocène qu'elles renferment.