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462 T E lì K A 1N S P 0 S Ï - Ï E li T ( A1 R E S.
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qu'au XTf siècle encore, des HoLles entières remontaient
le Pyramus jusqu'à Mopsuestia; aujourd'hui, le
plus petit navire aurait de la peine à atteindre Missis par
cette voie.
h" Lo rsqu'on considère combien les déplacements fréquents
de ces deux puissantes rivières ont dù contribuer à
étendre l'espace occupé par leurs dépôts, il devient vraisemblable
qu'une bonne partie de l'énorme surface alluviale
qui représente aujourd'hui les deltas réunis du Saïhoun et de
Djihan a pu avoir été créée, sinon dans le cours de l'époque
historique, mais du moins pendant l'époque contemporaine
de celle de l'homme. Oi' cette surface alluviale, qui forme
un triangle irrégulier dont la base s'étend depuis l'embouchure
du Djihan jusqu'à celle du Tarsous Tchaï, et dont le
sommet est situé à 10 lieues au nord-est-nord d'Adana,
embrasse un aréal d'environ 1G7 lieues métriques carrées,
c'est-à-dire un aréal presque double de celui du lac de
Constance, et ne le cédant que peu à celui de la vaste
plaine alluviale comprise entre Amsterdam et Rotterdam.
Au reste, il ne faut pas oublier que déjà les anciens
avaient été frappés de la quantité de détritus charriés par le
Saihoun et le Djihan, de même que des atterrissements extraordinaires
et rapides que ce phénomène était de nature
à produire; ainsi, dans la belle description que donne Strabon
du Pyramus % il dit : « Le fleuve, à sa sortie du Taurus,
« se trouve chargé d'une si énorme quantité de limon, em-
« prunté soit à la Gataonie soit à la plaine cilicienne, que
1. Voyez Géographie comparée de l'Asie Mineure, p. :306-307.
2. J'ai reproduit [loc. cil., p. 312) en enlier le lableau du Pyramus,
tracé de main de maître par le célèbre géographe.
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« ce fait a donné lieu à un arrêt de l'oracle fornuilé en ces
« termes : un jour viendra où les ondes rapides du Pyi-a-
« mus, amoncelant sans cesse de nouveaux dépôts, attein-
« dront la terre sacrée du Chypre. »
Que cette prophétie, à laquelle on ne saurait refuser une
certaine valeur géologique, se réalise un jour, ou qu'elle ne
quitte jamais le domaine des liypothèses, il n'en est pas
moins vrai que les alluvions du Djihan offrent encore aujourd'hui
un mouvement décidément progressif. C'est du
moins l'opinion si compétente de l'amiral Beaufort, qui, en
exécutant ses beaux travaux liydrographiques le long de la
côte cihcienne, a été dans le cas de constater que la pointe
sablonneuse qui marque l'embouchure actuelle du Djihan
s'est tout récemment allongée de 6 railles anglais, en prenant
une direction parallèle à celle de la côte d'Ayas, en sorte
que le bord méridional de la baie d'Ayas est une création
de date très-fraîche ^
Or, en supposant que les courants qui remontent le littoral
de la Syrie, ne sont pas de nature à arrêter ou à paralyser
le développement rapide du delta du Djihan, on est
forcément conduit à admettre que, dans un avenir plus ou
moins prochain, la partie médiane du golfe d' bkenderoun
(golfe d'Alexandrette) se trouvera rétrécie par une barre
de sable qui tendra sans cesse à le couper en deux, et consommera
cette division au moment où cette barre aura
touché la côte opposée.
La portion du golfe située au nord de la ville d'Alexandrette
sera alors convertie en un estuaire, qui à son tour
s'isolera de plus en plus, parce que, gêné dans son écoule-
I. Karamania, etc., p. 296.