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débris, que plusieurs formes successivement éteintes, ou
n'aytint pointlaissé de traces de leur passage partout ailleurs,
ont pu, dans ce pays, ti'averser impunément ces longues
périodes jusqu'à l'époque de l'homme; de même que celuici
aura pu faire son apparition dans les Indes orientales
plus tôt qu'en Europe^ Or, malgré l'absence probable en
Asie Mineure de la catastroplie diluvienne, les dépôts pliocènes
et quaternaires y ont conservé bien moins de débris
organiques que les dépôts du même âge dans les pays de
l'Europe les plus exposés à des calastroplies semblables, mais
où les cataclysmes volcaniques n'ont pas eu autant d'intensité
et surtout une durée aussi longue qu'en Asie Mineure.
XVIII. Le terrain moderne a en Asie Mineure cela de
particulier que, grâce aux innombrables souvenirs qui se
rattachent à ce pays, l'âge des phénomènes de cette époque
peut être précisé par des témoignages historiques, bien plus
souvent et bien mieux que partout ailleurs. Ainsi, c'est à
l'aide de semblables documents qu'on est à même de constater
et de calculer le développement graduel du delta de
plusieurs de ses rivières, telles que le Méandre (p. /i38), le
Caystre (p. 437), l'Hermus (p. 420), l'Iris (p. 404), le
Halys, etc.; ou de démontrer, les géographes et les historiens
à la main, le comblement de golfes convertis aujourd'hui en
lacs, tels que les anciens golfes de Latmus (p. 440) et de
Caunus (p. 447); la jonction d"anciennes îles au continent
'1. A l'appui de son opinion, II. Falconer cite l'existence dans les
dépôts miocènes de Sewalik Ilills de formes éteintes, telles que le mammouth,
associées à d'aulres parfaitement identiques avec celles contemporaines
de l'homme, telles que le cheval, le chameau ainsi que certains
quadrumanes dont quelques espèces ne diffèrent point de notre ourangoutang
{PUhecus mlyrus).
RÉSUMÉ. 505
actuel (p. 438); les changements fréquents du cours des
rivières, tels que ceux opérés à pas moins de six reprises
par le Pyramus et le Sarus (p. 4G0).
Il est vrai que l'Asie Mineure n'a pas encore fourni
de contingent à cette intéressante branche de l'histoire
de notre globe conternporaine de l'homme, fondée tout
récemment sur l'étude des débris divers de l'industrie
humaine ensevelis dans les dépôts post-pliocènes, mais cette
lacune tient uniquement à l'état encore très-imparfait des
connaissances que nous possédons de ce pays, où sans doute
des découvertes de cette nature ne tarderont pas à se produire,
d'autant plus qu'on en a déjà fait dans des localités
attenantes aux côtes de l'Asie Mineure, puisque M. François
Lenormant a signalé' de nombreux restes de l'âge de
pierre (haches, marteaux, couteaux, etc.) non-seulement
sur le continent grec, mais encore dans les îles de l'Arcliipel,
telles cjue Eubée, Anaphé et Araorgos.
D'un autre côté, les progrès effectués dans la connaissance
du sol de l'Asie Mineure permettront de constater plusieurs
modifications opérées dans son relief par la main de
l'homme; genre d'étude dans lequel devra également trouver
place l'appréciation d'un fait exclusivement propre aux
contrées qui, telles que l'Asie Mineure, ont servi de centre à
la plus antique civilisation et de champ de combat aux
peuples les plus divers, je veux dire l'appréciation des
énormes masses de matières pulvérulentes qui, à l'instar de
véritables dépôts sédimentaires, ont enseveli des villes
entières, sans que ce phénomène puisse être attribué à un
agent naturel quelconque, puisque rien n'y révèle ni abaisse-
I. Revue archéolocjiquB, t. XV, ann. 1867.