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seulement par ses caractères pétrographiqaes, mais encore
par l'absence de tout fossile et surtout par ses conditions
stratigraphiques, puisque les couclies sont fortement disloquées
ou inclinées au nord 20° est, sous des angles de 20
à 25 degrés; cependant, eu égard à la liaison intime qui
existe entre ces dépôts et les calcaires limitrophes à couches
horizontales et à fossiles miocènes, il est probable que les
grès font partie de ces derniers, et n'auront été affectés que
par l'action d'un agent tout à fait local.
La vallée de Bouzaklché Sou jouit d'une température
tellement douce que, le 29 octobre 1848, lorsque je m'y
trouvais, le thermomètre centigrade indiquait à midi (à
l'ombre) 22°,8. La partie de la vallée comprise entre Kadi
Koï et Mont, est bordée des deux côtés (à l'ouest et à l'est)
par des remparts de calcaire sableux, liorizontalement stratifié
et plus ou moins fossilifère ; cependant, les restes organiques
sont loin d'y présenter cette richesse en espèces et
surtout en individus qui caractérise à un si liant degré les
régions du Boyalar, d'Ermenek et de Uorla. En général, ils
décroissent sensiblement à mesure que l'on s'éloigne de
Dorla dans la direction de l'est; aussi n'ai-je observé entre
Dorla et Moût (sur un espace d'environ 5 lieues), qu'une
petite fraction du chiffre total des espèces que m'avaient
fournies les endroits situés entre Dorla et Ermenek, el auxquelles
les parages dont il s'agit n'ont ajouté que les trois
formes suivantes : Tellina Tchihalcheffi, Fisch., Lucina
incrassala, Dub. de Mont., et leonina. Bast.
Toute la région inférieure de la vallée de Bouzaktché
Sou, offre une vigoureuse végétation parmi lacjuelle se font
remarquer de beaux platanes, des figuiers, des lauriersroses,
etc. Le riz, le cotonnier et le tabac sont cultivés à
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Mout avec un remarquable succès ; le tabac surtout y est
d'une qualité excellente qui rappelle celui des localités les
plus célèbres sous ce rapport de l'Asie Mineure et de la
Rumélie. Mout n'est qu'un très-petit village, situé presque au
niveau du Bouzaktché Sou, mais les nombreux fragments
d'architecture antique que l'on voit figurer, soit dans la
construction de ces misérables masures, soit au milieu des
grossiers ornements de son cimetière, représentent en ces
lieux (comme presque sur chaque point de l'Asie Mineure)
les souvenirs de quelque grand centre d'une population
éteinte. Il est probable que ces débris ont été empruntés
à la célèbre Claudiopolis, qui a dû se trouver dans les parages
de Mout, où des fouilles révéleront peut-être un jour
de précieux documents archéologiques.
Pour se rendre de Mout à Sarykavak, on fait d'abord
une descente assez rapide au sud-est, dans la direction du
Gueuk Sou, et puis on s'éloigne de nouveau de cette dernière
rivière, en remontant au nord-est. Pendant la descente,
on aperçoit le Gueuk Sou, bordé des deux côtés (au
nord et au sud) par des hauteurs à teinte blanche, horizontalement
striées, que dominent des montagnes plus élevées,
également à contours linéaires, mais plus boisées.
Lorsque de Sarykavak on descend la vallée jusqu'à
l'embouchure du cours d'eau du même nom qui l'arrose, on
la voit subir des rétrécissements et des élargissements alternatifs,
car les montagnes Cjui la limitent des deux côtés (à
l'ouest et à l'est), tantôt se rapprochent et tantôt s'éloignent
en décrivant des demi-cercles, et en laissant entre elles et
le Sarykavak ïchaï, une surface horizontale, quelquefois
revêtue de broussailles de saule, de laurier-rose, de paliures,
etc., d'autres fois occupée par de riches rizières. Près