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Ì72 TERRAIN TERTIAIRE SUPÉRIEUR.
du Grand-Pont, et forment des escarpements souvent
abrupts, ce qui a lieu notamment le long de sa rive orientale.
Ainsi, la rampe assez longue qui conduit de Buyuk
Tchekmedjé vers le golfe, est toute rayée par d'énormes
bancs de calcaire chamarré de coquilles, parmi lesquelles
dominent la Melanopsis costala, ainsi qu'une nouvelle espèce
de Clausile nommée par M. Fischer Clausilia lhracica\
Dans plusieurs des variétés de calcaires qui renferment ces
fossiles, et particulièrement dans un calcaire jaunâtre, celluleux,
veiné de noir, se présentent des moules d'une petite
Nucule, ainsi que des empreintes de Cérites et de Cardes
qui indiquent la nature saumâtre des eaux où ces dépôts se
sont formés.
Lorsqu'on se dirige à l'ouest de Buyuk Tchekmedjé, le
long de la zone littorale, pour se rendre à Silivri, on voit,
non loin de l'extrémité occidentale du pont de pierre qui a
valu au golfe qu'il traverse le nom de Grand-Pont, percer
les calcaires lacustres qui composent les hauteurs dont est
bordée la plaine littorale à l'ouest du golfe; mais à mesure
qu'on s'éloigne de ce dernier, les calcaires blancs sont remplacés
par ctes grès, soit solides, soit friables, ou par des
marnes bleuâtres alternant avec les grès en strates horizontales.
Ce sont ces grès et ces marnes qui composent toute
la contrée ondulée et déboisée comprise entre le golfe du
Grand-Pont et k petit village de Koumbourgas. Les falaises
par lesquelles se terminent, du côté de la mer, les séries
de renflements qui traversent la contrée du nord au sud,
offrent des profils fort instructifs, mettant à nu, dans leur
ordre naturel, les dépôts qui constituent la contrée dont
I. Voyez Paléonlologie de l'Asie Mineure, p. 334.
CHAPITRE II. 173
nous parlons. Ainsi, le premier de ces renflements que l'on
franchit immédiatement à l'est du petit village de Koumbourgas
se termine vers la mer par des rochers élevés qui
offrent la dénudation suivante de haut en bas : 1" plusieurs
bancs horizontaux d'un grès généralement très-solide, mais
devenant quelquefois friable : l'ensemble de ces bancs peut
avoir de 8 à 10 mètres d'épaisseur. Ils sont chamarrés de
rognons de marne jaune, disséminés sans ordre. Les rognons,
aussi bien que les grès qui les renferment, contiennent beaucoup
d'impressions de feuilles, mais, à ce qu'il paraît, pomt
de coquilles ; ces grès reposent immédiatement sur une
succession de bandes horizontales de marne et de terre
glaise bleuâtre, jaunâtre et noirâtre, ayant chacune tout au
plus 1 mètre d'épaisseur et dont l'ensemble ne dépasse
guère 5 mètres; les marnes prennent quelquefois une
structure fibreuse qui, à une certaine distance, les fait
apparaître comme des troncs d'arbres ou des lignites;
cependant je n'y ai trouvé aucune espèce de trace organi
ciue.
Quant aux impressions de feuilles que présentent les
grès et les rognons marneux (n° i ) , elles sont trop imparfaites
pour permettre une détermination spécifique ; cependant,
M. le professeur Unger, auquel j'avais soumis plusieurs
échantillons, a cru (quoique avec doute) y distinguer des
fragments de Quercus lignitum, Ung., et Q. mediterranea,
Ung., deux espèces que le savant paléontologiste de Vienne
avait déjà décrites comme se rapportant aux dépôts miocènes
de la Styrie, mais qui ici appartiennent probablement
au terrain tertiaire supérieur.
N'ayant point visité la partie du littoral de la Propontide
comprise entre les parages de Silivri et les Dardanelles,
-Il