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104 T E R R A I N TERTIAIRE MOYEN.
C'est à ojk de lieue environ au nord de Bardak, et
notamment sur la rive septentrionale (doléritique) du Mouschlou
Sou que se trouvent plusieurs sources salées. Elles
sont l'objet d'une exploitation aussi simple que productive.
On creuse une série de petits bassins, disposés les uns audessus
des autres et dont le plus élevé se trouve à peu près
à un quart d'heure de distance des sources salines, oit l'on
puise l'eau avec un vase grossier, pour la verser dans une
rigole qui débouche dans un des petits bassins supérieurs,
en sorte que celui-ci épanche son trop-plein dans les bassins
inférieui's. Aussitôt que tous ces petits réceptacles sont remplis,
on les laisse s'évaporer, et peu de jours suffisent pour
les tapisser d'une belle masse de sel cristallisé. Le goîit des
sources est celui d'une dissolution concentrée de chlorure
de sodium ; sa températui'e cà peine iiècle, ne dépasse guère
celle de l'eau ordinaire exposée pendant l'été à l'action
directe du soleil.
Cette source, enclavée au milieu de roches doléritiques
% paraît à première vue sortir de ces dernières;
cependant plusieurs considérations tendraient à faire
admettre le contraire. D'abord, malgré le rôle prédominant
que jouent les dolérites sur la rive septentrionale du Mouschlou
Sou, on y voit çà et là, et notamment à côté même
des sources salées, des masses isolées de calcaire qui
paraissent surgir de dessous les dolérites, et qui dans tous
les cas ne sont que les affleurements locaux des mêmes calcaires
dont sont composées les montagnes de la rive opposée
(méridionale), où ils se présentent en strates puissantes,
fortement inclinées an nord ou nord-ovesl-nord. De plus, tous
'I. \oyez Roches ériiptives, p. SOI.
C H A P I T R E IV. '•OS
ces calcaires sont imprégnés de sel, tandis que tel n'est
point le cas des dolérites. Il serait donc probable que le
rôle de la roche éruptive se fût borné à soulever et à fracturer
les calcaires, de manière à y donner naissance à des
fissures, à travers lesquelles se seraient élancées des
colonnes d'eau d'une température suffisamment élevée
pour se saturer du sel qu'elles trouvaient à leur passage. Si
cette hypothèse est confirmée par des observations ultérieures,
il s'ensuivra que dans la vallée de Mouschlou Sou,
les calcaires salifères sont antérieurs à l'éruption des dolérites,
calcaires qui, comme nous le verrons plus loin,
appartiennent probablement au terrain tertiaire moyen,
parce qu'à peu de distance de cette localité, des calcaires
parfaitement semblables à ceux dont il s'agit renferment
des fossiles miocènes.
A 2 lieues environ au nord-ouest de Bardak, se présente
une seconde source salée également sur la rive droite du
Mouschlou Sou. Exploitée de la même manière que la première,
elle paraît, comme celle-ci, jaillir du sein des dolérites,
mais, selon toute vraisemblance, elle n'en a pas moins
son siège dans les calcaires qui continuent toujours à composer
le bord gauche de la vallée.
A peu de distance au nord-ouest de cette deuxième
saline, les dolérites s'emparent des deux rives, tout en laissant
percer çà et là, sous forme de collines, les calctiires
salifères dans lesquels je fus très-heureux de découvrir des
fragments d'une IJeliastroea, appartenant selon toute vraisemblance
à VIL Ellisiana. La roche est disposée en couches
puissantes plongeant au nord. Sur plusieurs points, elle est
profondément excavée, ou bien taillée en colonnes, ce qui
prête aux montagnes qu'elle compose un aspect souvent