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çà et là un grand nombre de fragments d'une huître peu
susceptible de détermination spécifique, mais qui néanmoins
olïre un facies miocène des plus prononcés. Il est donc trèsprobable
que la contrée comprise entre la rivière de Korkoun
et le village de Karsanty Oglou, fait également partie du vaste
domaine miocène développé sur une échelle si gigantesque
le long du versant méridional du rempart du Boulgar Dagh,
bien que sous le rapport de la physionomie extérieure, de
même que sous celui des caractères pétrographiques, les
deux régions diffèrent grandement. Ainsi, les dépôts miocènes
dont il s'agit en ce moment ne constituent point,
comme dans la région du Boulgar Dagh, ces montagnes
élevées et cà contours hardis qui rappellent le type d'une
époque moins récente que celle à laquelle elles appartiennent
effectivement. Au contraire, dans la contrée comprise
entre la vallée de Korkoun et le village de Karsanty
Oglou, les dépôts miocènes forment de nombreuses séries
de hauteurs, à la vérité plus ou moins considérables, mais
dont l'ensemble présente un groupe qui se détache parfaitement
du rempart de l'Ala Dagh, auquel elles servent de
lisière sud-est. En effet, presque partout le panorama imposant
qui frappe les yeux du géologue se décompose trèsnettement
en trois régions fort distinctes : d'abord il voit
un groupe de hauteurs rougeâtres à contours ondulés, plus
ou moins horizontalement rayées, se déployant comme les
vagues d'une mer agitée jusqu'aux masses beaucoup plus
foncées qui figurent les contre-forts immédiats du rempart
de l'Ala Dagh; les hauteurs rougeâtres placées sur le premier
plan représentent les dépôts miocènes, tandis que les
masses foncées sont des serpentines ou des mélaphyres et
forment le second plan ; enfin au troisième et dernier plan.
qui sert d'encadrement au tableau tout entier, on voit se
dresser, derrière ces masses éruptives (au nord-ouest), la
crête dentelée du colosse imposant de l'Ala Dagh.
La roche qui constitue le groupe miocène occupant le
premier plan est un grès tantôt rouge ou jaune, tantôt plus
ou moins foncé, composé de grains de serpentine, de mélaphyre
et de calcaire noir; c'est cette dernière variété foncée
qui renferme presque exclusivement les fragments d'huîtres
précédemment indiqués (p. 86); la roche est le plus souvent
friable et désagrégée, à couches soit horizontales, soit
plongeant au nord-est sous 30 à hO degrés. A mesure qu'on
s'avance vers Karsanty Oglou et que l'on se rapproche du
rempart de l'Ala Dagh, les roches des dépôts miocènes
subissent des modifications de plus en plus prononcées :
d'abord, aux grès susmentionnés on voit s'associer des poudingues,
conglomérats et marnes blanches et bleues; puis
à Karsanty Oglou même, le rempart au pied duc|uel se
trouve le village, et qui fait déjà partie de l'Ala Dagh proprement
dit, n'est plus composé que d'un calcaire compacte
plus ou moins sihceux, se rapprochant beaucoup de celui
des environs de Nemroun. 11 renferme çà et là quelques
restes organiques très-mal conservés, parmi lesquels on peut
distinguer cependant la Sepiastroea geometrica^, espèce que
j'ai recueillie à Davas, où elle se trouve associée à des fossiles
miocènes (p. i9) . De plus, entre Karsanty Oglou et
Guiaour Kevi, le calcaire blanc presepe cristallin renferme
de belles Ueliaslroea Defrancei, Milne Edw. et J. Hainoe;
mais c'est aussi la localité la plus avancée au nord-est du
versant de l'Ala Dagh où j'aie été dans le cas de découvrir
des fossiles quelconques; car plus loin, dans la direction de
Farasch, les conglomérats, marnes et calcaires que l'on voit