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De même, la partie supérieure de la vallée de l'Itchi Tchaï'
offre des dénudalions très-propres à faire apprécier la puissance
considérable des dépôts détritiques.
Vil.
Lorsque, après avoir longé la côte asiatique du détroit
des Dardanelles, nous commençons l'examen du littoral
occidental de l'Asie Mineure, par les côtes de la péninsule
troyenne, les premiers dépôts d'alluvions tant soit peu
considérables se présentent à l'embouchure du Alenderé
Tchaï (Scamandre). Le delta sablonneux de cette rivière (ou
plutôt ruisseau) porte le château de Koum Kalessi- et embrasse
une partie de la plaine animée jadis par la cité de
Priam, dont les souvenirs se sont réfugiés tout entiers dans
les chants sublimes de l'Iliade.
Les dépôts détritiques qui composent le delta du Menderé
Tchaï reparaissent (quoique de composition et peutêtre
d'origine différentes) dans la partie médiane du cours
de ce ruisseau, notamment dans celle comprise enlre Beïramitch
et Iné. En elTet, lorsque de Tchaptchi on descend dans
la vallée du Menderé Tchaï, on voit les montagnes trachytiques
s'abaisser peu à peu et céder la place à des collines
arrondies de sable et de conglomérat, qui s'étendent à travers
le petit village d'Idalar le long des ruisseaux jusqu'aux
villages de Douvandjik et d'Ahmetlu, situés près du bord
septentrional de la vallée. Entre Iné et Beïramitch, le fond
1. AfflueiU gauche du Tchan Tchaï.
2. Koum, sable, kulé, château fori.
assez plane de cette dernière, est également sillonné par des
collines de sable micacé avec galets de calcaire bleuâtre, de
micaschiste et de syénite, ce qui ferait supposer que les
éléments constitutifs de ces dépôts ont été empruntés non
aux roches trachytiques sur lesquelles ils s'appuient immédiatement
le long du bord septentrional de la vallée, mais
aux syénites, micaschistes et calcaires de transition (?) qui
ne se trouvent sur pied qu'à une distance beaucoup plus
considérable, notamment dans la partie tout à fait supérieure
du cours du Menderé Tchaï, et déjà dans le domaine du
groupe montagneux de l'Ida. A travers les sables et les
galets, on voit çà et là affleurer une roche blanchâtre trèsdécomposée,
analogue au trachyte désagrégé ou à un tuf
volcanique.
Toute cette partie de la vallée est peu boisée; cependant
le Menderé est bordé de jolis bouquets de broussailles et le
fond de la vallée revêtu d'un tapis végétal assez touffu.
Dans les parages d'Iné, la vallée s'élargit en une belle
plaine, qui sert de limite méridionale au massif montagneux
qui, au nord d'Iné, envahit la vallée. C'est à travers ce
massif que passe le sentier qui conduit d'Iné dans la plaine
de Bounarbaschi, au milieu d'une contrée fort pittoresque
dont le charme est relevé par le coup d'oeil enchanteur qui
se présente, aussitôt qu'arrivé au point culminant, on aperçoit
la mer et les plages classiques de la Troade.
Un cordon littoral d'environ l i lieues de longueui'
sépare le delta du Menderé Tchaï de celui du Tuzla Tchaï,
qui constitue la plage par laquelle se termine la plaine si
remarquable de Tuzla dont nous avons déjà parlé', et doni
I. Voyez Roches émpiives, p. 21.
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