430 T E R R A I N S POST-TERÏIAIRES.
don littoral entre cette dernière localité et remboucluire du
Gumuldu Sou.
Lorsqu'on longe la côte pour se rendre de Smyrne à
Kelisman, on la voit, sur l'espace de 2 lieues environ,
envahie par les rochers trachytiques, au pied desquels (à
1 lieue 1/2 environ à l'ouest de Smyrne) se trouvent des
sources chaudes très-remarquables, dont j'ai donné la description
détaillée dans la partie géographique de cet ouvrage
^ A 2 lieues environ à l'est de Kelisman, les trachyles
Tont place cà la plaine alluviale au milieu de laquelle se trouve
Kelisman. L'espace compris entre ce bourg et Sivrihissar est
presque exclusivement composé de calcaires crétacés (?)
qui s'iivancent souvent en falaises abruptes le long du littoral,
depuis la plage alluviale par laquelle se termine la plaine .
de Sivrihissar, jusqu'au petit village d'Ypsili. Mais à 1 lieue
à l'est de ce dernier se déploie une autre plaine, limitée au
nord par des hauteurs calcaires et au sud, par la mer. Cette
surface est revêtue d'une épaisse couche de terre végétale et
ombragée par de beaux taillis. Au pied des hauteurs calcaires,
on voit un grand nombre de petites ouvertures circulaires
dont s'échappe avec violence une eau très-chaude ^ Le
produit de toutes ces sources donne naissance à un ruisseau
qui coule du nord-est-nord au sud-ouest-sud, sans atteindre
la mer, mais se répand dans la plaine où il forme des marais.
Alimenté de tout côté, ce ruisseau s'élargit prompte-
1. Voyez Géographie physique comparée de l'Asie Mineure, p. 338.
Les considérations liisloriqiies que j'y ai dévelopi)ées relalivement à ces
sources prouvent la réjiutation dont elles jouissaient dans l'antiquité la
plus reculée.
2. Voyez le même ouvrage, p. 339-343, sur les sources d'Vpsili ainsi
que sur les autres sources thermales non mentionnées ici.
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ment, et a déjà tout près de ses sources une largeur de
3 mètres 30 centimètres. Presque sur le milieu de son
parcours s'élève du fond de son lit un petit cône revêtu de
croûtes blanches, jaunes ou rouges, percé à son sommet
par une ouverture dans laquelle l'eau bout à gvos bouillons.
Les croûtes coloriées qui revêtent le petit cône ne sont
que les débris incrustés des plantes qui croissent dans le lit
du ruisseau et qui, après s'être affranchies de leurs attaches,
flottent sur la surface de l'eau comme autant de fragments
de scories, et vont s'échouer à des distances plus ou moins
considérables de leurs points de départ; ce sont ces épaves
qui colorent de teintes diverses tous les marécages répandus
dans la plaine. Les débris ainsi incrustés par les substances
que les eaux chaudes tiennent en dissolution (particulièrement
du carbonate de chaux) appai'tiennent en majeure partie
aux Cryptogames, surtout aux Ulvacées, qui par conséquent
vivent ici dans un milieu de 50 à 60 degrés centigrades de
température. Au reste, plusieurs plantes phanérogames
croissent également sur les rives du ruisseau, ou même sur
celles des sources oii elles sont exposées à être baignées de
temps à autre par une eau presque bouillante. Parmi ces
végétaux, j'ai observé Vlleliolropium Borei, Boiss., dont la
présence en ces lieux constitue un phénomène assez intéressant
pour la géographie botanique, parce que cette Borraginée
est exclusivement propre aux plaines torrides de l'Arabie
et de la Syrie et n'a encore jamais été trouvée (que je
sache) nulle part ailleurs en Asie Mineure, en sorte qu'elle
présente ici l'exemple curieux du développement, par l'action
seule des conditions thermiques et sur un point extrêmement
circonscrit, d'une forme végétale complètement
étrangère au pays.