44S T1 • H R A I N S • 0 S T - T E U T I A 1 1 I E S.
Le Dalaman ou Gerenis Tchaï (Calbis') est pendant
l'été parfaitement guéable, bien qae la largeur de son lit
encombré de blocs et de galets atteste l'étendue de l'espace
envahi par les débordements de ses eaux, à la suite soit de
pluies abondantes et soutenues, soit de la fonte des neiges
qui recouvrent temporairement les montagnes où se trouvent
les sources nombreuses de la rivière. Cependant, même
dans ces conditions exceptionnelles, le Dalaman Tchaï ne
saurait mériter aujourd'hui l'épithète de profond Calbis que
lui donne Strabon% et ne serait nullement navigable comme
il l'était à l'époque de l'éminent géographe, qui fait observer
qu'à l'aide de cette rivière, les bâtiments pouvaient
remonter jusqu'à Vintérieur de la Carie; entreprise qui actuellement
serait impossible pour les barques les plus
légères. Le Dalaman Tchaï offre donc un exemple de plus de
l'ensablement progressif que subissent les cours d'eau de
l'Asie Mineure.
La plaine un peu marécageuse que forme le delta du
Dalaman Tchaï, s'incline vers le littoral par une pente trèsdouce,
en sorte que l'on aperçoit fort distinctement la mer
du village de Dalaman. Cette plaine a environ k lieues de
longueur du nord au sud, sur 2 à 3 lieues de largeur. Les
alluvions qui la composent ne pénètrent presque pas dans
l'étroite mais longue vallée par laquelle la plaine se termine
à son extrémité nord-est, et que le Dalaman Tchaï parcourt
sous le nom local de Gerenis Tchaï. Ce n'est qu'après avoir
franchi cette vallée sur une longueur d'environ 18 lieues,
'I. C'est VIndus do Pline l'Ancien; selon Cellarius [loc. cil.), le natur
a l i s t e romain aurait confondu le CAMÌS avec l'un de ses aftluents, qui en
effet portai t le nom à'Indus.
%. L. XIV.
C H A P I T R E 11. 449
que la rivière la quitte, en tournant brusquement au sudest
et en s'épanchant de nouveau sur une large surface plus
ou moins unie.
Le cours supérieur du Gei'enis Tchaï traverse la portion
sud-est de cette surface, qui, au nord-ouest du coude que
fait ici la rivière, se prolonge jusqu'au delà du bourg de
Karayuk Bazar; c'est ce qui constitue la Karayuk Ova, ou
plaine de Karayuk. En n'affectant ce nom qu'à la partie de
la surface revêtue par les dépôts détritiques, c'esl-à-dire depuis
les parages de Kizilhissar jusqu'à ceux de Tcham Koï,
l'extension de la Karayuk Ova du nord-ouest au sud serait
d'environ 10 lieues; mais si l'on y comprend également la
partie méridionale traversée par le cours supérieur du Gerenis
Tchaï et occupée par les dépôts lacustres pliocènes
(p. 199), la longueur totale de plaine n'aura pas moins
de 15 lieues.
Dans les parages de Karayuk Bazar, dont l'altitude est
d'environ 870 mètres, la plaine est assez bien cultivée et les
dépôts de sable et de galets qui la recouvrent sont masqués
par une couche puissante de terre végétale. Cependant la
contrée est presque déboisée, car les quelques poiriers sauvages
[Pyrus amygdaliformis, Vill.) disséminés çà et là, y
sont les seuls représentants de la végétation arborescente.
Entre Karayuk Bazar et Goumavschar, on voit percer
localement à travers la nappe détritique des calcaires blanchâtres,
qui peut-être ne sont que les affleurements des dépôts
lacustres pliocènes dont serait composée la charpente
solide de la plaine ; hypothèse d'autant plus vraisemblable
qu'au sud de Tcham Koï, c'est-à-dire dans la prolongation
méridionale de la plaine, les calcaires lacustres se pi'ésentent
en effet sur une échelle considérable, ce qui pourrait faire
m . 29
L