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chaîne moins continue, et beaucoup plus fréquemment
interrompue par les vallées latérales du Gediz Tchaï. parmi
lesquelles ligure comme la plus considérable la vallée du
Geurdulc Tcliaï dont nous nous occuperons plus tard. Or
c'est le long de la lisière septentrionale de la chaîne du ïmolus,
surtout enti-e Ivassaba et la jonction du Gediz Tchaï
avec l'Aîné Tchaï, que les dépols détritiques revêtent des
proportions vraiment colossales. Lorsqu'on voit de loin
ces séries de liauteurs à contours variés, on les prendrait
pour des groupes de rochers faisant partie de la charpente
solide de la chaîne du Tmolus, et pourtant elles ne sont
composées que de matières incohérentes et ne semblent
même pas avoir été formées sur place par voie de désagrégation
des roches limitrophes, car sur plusieurs points ces
amas détritiques, qui d'ailleurs, par leurs teintes vives (rouge,
jaune, bleu, etc.) ainsi que par leurs formes hardies, se
détaclient foi'tement de la chaîne qu'elles bordent, se trouvent
distinctement stratifiées, comme le sei-aient des substances
successivement déposées dans des eaux tranquilles.
Il est vrai que la présence si fréquente de dépôts lacustres
dans toutes les vallées de cette contrée eût pu faire
supposer que les masses détritiques qui llanquent le Tmolus
ne sont que des dépôts httoraux d'un ancien lac; toutefois,
à défaut de preuves paléontologiques, je n'ai pas
osé admettre cette hypothèse, surtout quand il s'agit de
sédiments d'une étendue et d'une puissance aussi considérables;
c'est pourquoi je me suis contenté de les ranger pro-
\isoirementdans le diluvium, en réservant à mes successeurs
la tâche de préciser l'âge de ces dépôts, à la suite d'explorations
plus approfondies que celles auxquelles il m'a été
permis de me livrci'.
Malgré leurs formes variées, les dépôts dont il s'agit
ne sont composés que de sables siliceux, marneux, souvent
micacés, renfermant des fragments de calcaire bleuâtre,
quartz, micaschiste, thonschiefer, gneiss, etc. Sur certains
points, les sables marneux passent à une argile plastique
employée à la fabrication de briques, ainsi que c'est le cas
dans les villages deSalihIu et d'AhmedIou, presque entièrement
construits de ces matériaux à l'état de brique crue ou
cuite. Dans les parages de Salihiu les masses détritiques
s'étendent du nord-est au sud-ouèst à travers la vallée, sur
une ligne d'environ 2 lieues, en formant une succession de
pyramides et de dômes très-pittoresquement disposés.
C'est sur l'une de ces hauteurs coniques que se trouvent
les ruines informes connues dans le pays sous le nom de
Sart Kalessi (château de Sart) seuls vestiges de l'antique
Sardes, capitale des opulents rois de Lydie et des satrapes
non moins opulents de la Perse. La hauteur qui porte ces
débris vingt fois séculaires est dominée du côté du sud-ouest
par tout un groupe de hauteurs plus considérables et plus
pittoresques, que l'on prendrai t de loin pour autant de flèches
basaltiques ou granitic|ues, ainsi cjue pourra en fournir une
idée le croquis que j'ai donné ailleurs \ et dont les deux
premiers plans représentent les cônes et pyramides de sable
et de conglomérats derrière lesquels se dresse la masse
imposante du Tmolus. C'est au milieu de ces fantastiques
agglomérations arénacées que serpente, à peine perceptible,
le célèbre Pactole, dont je me dispenserai de parler ici en
renvoyant le lecteur à un ouvrage spécial- dans lequel j'ai
'I. A'oj-ez Le Bosphore el Conslantinople, pl. i, p. 232.
2. Ibid.