178 T E R R A I N TERTIAIRE SUl'ÈRÎEUR.
t'ortemonl empâtées, car on ne trouve point d'individus
détachés, ainsi que c'est le cas dans les dépôts analogues
des parages de Giaour Koï, où l'on n'a qu'à les enlever par
pellées comme du gravier.
11 n'est pas aisé de déterminer les relations de gisement
entre les grès et argiles non fossilifères du profil dont il
s'agit et les calcaires à Amdonla hellesponlica placés dans
la proximité immédiate des premiers, généralement à un
niveau plus bas, ce qui semblerait indiquer qu'ils sont antérieurs
aux grès et argiles; cependant on n'aperçoit entre
les deux genres de dépôts qu'un rapport de juxtaposition,
sans que l'un se présente superposé à l'autre, et dès lors ils
pourraient tout aussi bien se rapporter à un seul et même
terrain. C'est ce que j'ai cru devoir admettre provisoirement
en i-enonçant à une distinction que je m'étais permis de
f a i r e ' , en sorte que, pour le moment, je rattache les grès et
argiles de Tchanak Kalessi aux calcaires à Anodonie qui les
entourent et par conséquent je i-ange dans le terrain tertiaire
supérieur d'origine lacustre ou saumâtre (aralo-caspien[?])
tous les dépôts, soit fossilifères, soit dépourvus de
restes organiques compris entre Constantinople et les deux
bords du détroit des Dardanelles. En admettant cette classification
provisoire, il faudra nécessairement supposer que
les grès et les argiles non fossilifères représentent certaines
modifications locales auxquelles l'ensemble des dépôts
lacustres ou saumâtres aura été exposé à la suite de changements
dans le milieu oi^i ils se sont formés, et peut-être
aussi cà cause de l'influence des agents éruptifs dont l'action
se manifeste par les dislocations stratigraphiques que
1. Le Bosphore el Consimili impie, p. UoC.
C H A P I T R E II. 179
présentent quelques-uns de ces dépôts, ainsi que nous le
verrons tout à l'heure.
Les calcaires caractérisés par ['Anodonla hellesponlica
ne paraissent pas avoir un développement considérable à
l'est et au nord-est de Tchanak Kalessi ; ainsi ils ne pénètrent
pas bien avant dans la vallée du Rodos Tchaï à l'embouchure
de laquelle se trouve cette ville, car à peu de distance
au sud de cette dernière, la vallée est bordée des deux côtés
par de puissants dépôts (non fossilifères) de sable avec
galets horizontalement alignés, ou de grès plus ou moins
grossier ; de même, lorsqu'on se dirige au nord-est de Tchanak
Kalessi pour se rendre à Yapouldak, on ne traverse que
des collines composées, soit de calcaire sableux blanc, jaunâtre,
friable ou compacte, soit de conglomérats et de
marnes horizontalement stratifiés et seulement çà et là trèspeu
inclinés au sud-est ou au nord-ouest. Ces dépôts constituent
également la région comprise entre Yapouldak et Lapsaki,
où les grès et les calcaires sont tantôt entassés en bancs
énormes et forment des hauteurs assez élevées, ainsi ciu'on
le voit dans les parages de Bergas, tantôt se trouvent masqués
par des dépôts détritiques, comme c'est le cas entre
Bergas et Lapsaki, où la contrée se déploie en une surface
nnie dont le gazon était aussi frais qu'au printemps lorsque
je la traversai (en 1847) à la fin d'octobre.
A deux heues environ au nord-est de Lapsaki^ la contrée
se renfle et les collines se rapprochent de plus en plus de
1. Lapsalii, qui représente aujourd'liui l'aiitique et célèbre Lampsacus,
est un bourg assez considérable, dont la population renferme beaucoup de
Grecs qui se livrent avec succès à la viticulture, à l'agriculture et à la pêche.
Le poisson et les huîtres d'excellente qualité y sont abondants, et les pastèques
de Lapsaki jouissent d'une réputation légitime.