334 TE R R A I N TERTIAIRE SUPÉRllîUR.
IV.
A 1 lieue 1/2 environ au sud-ouest-sud de Tatar, dont
rallitude est de 1,070 mètres, la plaine se renfle en un plateau.
bordé à l'ouest et à l'est jjar des remparts de calcaire
lacustre; il se déploie presque sans interruption jusqu'au
pied septentrional de l'Emir Dagli, que_ l'on voit se dresser
d'une manière imposante à peu de distance au sud du petit
village turkmène de Jlehmed Koï, situé aune altitude d'environ
1.000 mètres. L'espace entre Mehmed Koï et l'Émir Dagh
est une plaine ondulée, çà et là sillonnée par des renflements
allongés de calcaire lacustre. La roche est disposée en bancs
horizontaux et présente fréquemment des cavitées tubulaires
indiquant la place de tiges végétales.
Entre 3iehmed Koï et Hamza Hadji, la surface assez
gazonnée de la plaine ne laisse percer que localement le
calcaire lacustre ; mais celui-ci se prononce très-distinctement
dans les parages de Hamza Hadji, situé sur une colline,
à une altitude de 937 mètres^ A mesure que l'on
s'avance au sud-est de Hamza Hadji, dans la direction de
Toulouk, on voit le massif de l'Émir Dagh se replier plus
au sud, en sorte que les nombreux plateaux de calcaire la-
•I. A peu de distance au sud-est de Ilamza Hadji, se trouvent quelques
pans de murs qui couronnent des hauteurs lacustres et représentent les
restes de l'antique et célèbre cilé Amorium, qui à ce qu'il paraît, était encore
dans un état florissant du temps d'Edrisi et par conséquent au commencement
du XI" siècle, car il signale comme une cilé considérable cette
ville sous le nom iX'Amuriu, bien que le célèbre géographe arabe ne
semble pas avoir eu une idée exacte de la position de la ville. (V. Géographie
d'Edrisi, traduite par Amédée Jaubert, T. II., p. 307.)
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custre le masiiuent complètement, et que la plaine se déploie
à perte de vue comme une mer agitée.
L'espace d'environ 6 lieues qui sépare Hamza Hadji du
campement tuidcmène connu sous le nom de Toulouk, est çà
et là sillonné par de petites vallées, bordées de hauteurs de
calcaire lacustre horizontalement stralifié ; c'est une région
aride, revêtue d'un gazon clair-semé, où domine Y Artemisia
Deliliana, Bess. S et presque complètement privée d'eau,
car celle que fournissent les quelques puits que l'on y rencontre,
est tiède, limoneuse et saumàtre.
Depuis Toulouk, dont l'altitude est de 850 mètres, la
plaine s'abaisse progressivement du nord-ouest au sud-est,
à mesure qu'on se rapproche du village kurde de Tchaltuk.
Un petit ruisseau, nommé Tchaltuk Sou, coule à côté du
village et va se perdre dans la plaine à peu de distance (au
nord-ouest) du premier, ce qui rend le sol plus ou moins
marécageux; par contre, ces fondrières isolées apparaissent
comme de vraies oasis au milieu du désert, car elles sont
revêtues d'une végétation sinon variée, en tout cas assez
curieuse; ainsi, bien que l'on y voie dominer le Delphinium
Aijacis^ L., renonculacée assez commune dans le midi de
l'Europe, cependant j 'y cueillis (le 25 mai 18ii9) plusieurs
espèces tout à fait nouvelles"^.
A 1 lieue environ au sud-est de Tchaltuk se trouvent
plusieurs petits lacs, parmi lesquels le plus considérable
1. Esitèce que j'ai également observée dans la plaine de Konia, mais
qui, partout ailleurs, est fort rare en Asie Mineure, car elle appartient
plutôt aux régions chaudes de la Syrie, de l'Égypte et de l'Arabie.
2. Je ne mentionnerai ici que le Marrabimn Pseudo-alyssum, Fisch.,
et Cenlaiirea calliacantlia, Fisch. ( V. ma Flore de l'Asie Mineure, v. II,
p. -18b et 319.)
Il