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A 9 lieiies au sud du delta du Kutchuk Menderez
(Caystre) se trouve celui du Buyuk Menderez (J/eanri/'e),
qui présente, dans des proportions bien plus considérables
encore que le premier, le phénomène de l'accroissement
progressif de la côte, constaté par les documents liistoriques.
Ici encore, Strabon' nous apprend que, de son temps, la
ville de Priene, située jadis sur le bord de la mer, en était
éloignée de 40 stades, c est-cà-dire à plus de 7 ldlomètres%
distance qui est portée aujourd'hui à 16 kilomèti'es, en
admettant avec tous les archéologues que le petit village de
Samsoun occupe la place de Priène; il en résulterait que,
dans cet endroit, la côte aurait avancé de 500 mètres par
siècle. Mais si, déjà du temps de Strabon, c'est-à-dire
presque au commencement de notre ère, des localités jadis
littorales telles que Priène, avaient cessé de l'être, plusieurs
points que le géographe d'Amasia indique sur cette côte se
trouvent aujourd'hui à leur tour refoulés dans l'intérieur du
continent. Ainsi, Strabon nous décrit la ville de Milet comme
située irès-près de la mer, où elle possédait quatre ports,
l'Asie Mineure les plus insalubres et en même temps les plus propres à
impressionner vivement l'esprit du voyageur; car lorsqu'il se rappelle que
cette scène de désolation était jadis animée par l'une des cités les plus
splendides de l'antiquité, il ne peut se défendre d'un profond sentiment
d e mélancolie à l'aspect de ces solitaires marécages, hérissés de hautes
herbes paludines, au milieu desquelles brillent fii et là les capitules dorées
de VYasonia sicula, DC.
1. L. XII, 182.
2. En évaluant la stade olympique à 184 mèti'os.
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« dont l'un, dit-il ', est tellement spacieux qu'il y a place pour
toute une tlotte; » puis il signale, vis-à-vis de Milet, l'île de
Lade, entourée d'un groupe d'îlots nommés Trageoe avec
plusieurs bons ports servant de refuge aux pirates^
Or le petit village de Palatia, qui représente aujourd'hui
la célèbre cité maritime, est situé sur la plage marécageuse
à 8 kilomètres de la mer et de l'embouchure du Méandre, ce
qui donnerait pour la marche progressive de ce point littoral
plus de 400 mètres par siècle; et quant à l'île de Lade et
des îlots qui l'entouraient, on en reconnaît encore la place
dans les collines de sable situées à i lieue environ à l'ouest de
Palatia (et à autant à peu près à l'est de la mer ) et au milieu
desquelles se trouve le misérable village de Patinoliko. Mais
ce n'est pas tout : Strabon place immédiatement au sud de
Milet' le Golfe Latmique, sur les rives duquel il signale les
villes de Myus, dePi/rr/iaetd'/Zerac/ea. Ce golfe a disparu, et
1. L. XIV, 282.
2. Déjà Hérodote {Erato, 21) parle de l'île de Lade comme illustrée
par un combat naval, que les Grecs livrèrent, dans ces parages, aux Persans,
et à la suite duquel ces derniers s'emparèrent de iVIilet. Il est vrai,
Strabon ne mentionne point ce fait; par contre, Thucydide {Bell. Pelop.,
I. VIII, 17) dit que, lorsque la ville de Milet eut refusé de recevoir dans
son port la Hotte athénienne, celle-ci alla se poster en observation dans les
parages de l'Ile de Lade, située près de Milet. Dans le livre susmentionné
de son histoire de la guerre du Péloponèse, Thucydide parle très-fréquemment
de flottes grecques et persanes entrant dans le port de Milet
ou en sortant.
3. On sait que Milet était l'une des puissances maritimes les plus considérables
de l'antiquité, et qu'à elle seule elle avait fondé environ trois
cents colonies, et disposait d'une flotte de plus de cent vaisseaux. C'est
dans la période comprise entre les iv° et vi" siècles avant Jésus-Christ que
tombe l'époque la plus florissante de cette célèbre cité, dont aujourd'hui
il ne reste plus que quelques débris informes et presque méconnaissables.