iO ï lï R RAIN ï E R T I A [ R E M OVEN. CHAPITRE PREMIER.
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vers la plage marine; mais la peine que l'on prend à francliir
cette rampe un peu pénible pour les chevaux, est largement
récompensée par le magnifique [)anorama dont on
jouit sans cesse, en voyant se déployer à ses pieds la surface
azurée du golfe d'Edremid. encadré de ses rivages verdoyants
et pittoresques. A l'est d'AhmedIu les calcaires et
les marnes s'avancent jusque près de la mer, et présentent
de nomljrenses et belles dénudations qui montrent les calcaires
marneux ou sableux, le plus souvent distinctement stratifiés
à couches tantôt fortement redressées, tantôt presque
horizontales. Sur plusieurs points de la côte, la roche
oITre un grand nombre de niches et de grottes symétriquement
alignées; sur d'autres points, la plage laisse percer un
grès marneux blanc, plus ou moins friable, dont la surface
est chamarrée de cavités arrondies qin semblent être
autant d'empreintes de corps globulaires d'origine incertaine.
Bien que les affleurements de roches calcaires ou mai'-
neuses que l'on aperçoit sur la plage même oifrent le plus
souvent une stratification horizontale, le contraire a lieu
aussitôt que l'on s'éloigne de la plage pour gravir les hauteurs
qui la longent. C'est ce qui se présente notamment lorsqu'on
monte vers le village Narlu, par une pente extrêmement
pittoresque, où le riche tapis végétal laisse percer
tantôt un calcaire marneux divisé en parallélipipèdes et assez
analogue aux grès verts du terrain crétacé, tantôt une
marne blanche feuilletée, tantôt enfin des calcaires sableux
ou siliceux renfermant souvent des fragments d'autres calcaires
d'âge incertain. Parmi ces roches, les calcaires et les
grès sont presque toujours à couches verticalement redressées
ou plongeant au sud-est, tandis que les marnes blanches
otlrentpeu de traces de stratification quelconciue et ne constituent
que des masses mamelonnées.
Le faciès anormal que présentent les dépôts lacustres de
la bande littorale de la Troade sous le double rapport stratigraphique
et pétrographique, acquiert un développement
bien plus prononcé encore, lorsqu'on quitte Narlu pour se
rendre à Aïvadjuk. L'embarras du géologue devient alors
d'autant plus grand cjue les roches qui composent celte
contrée paraissent être complètement dénuées de restes
organiques. Cependant comme tous ces dépôts se rattachent
intimement à ceux qui composent les hauteurs de Narlu,
ainsi que la partie basse du littoral, où des calcaires à
couches également redressées renferment des fossiles d'eau
douce, je range provisoirement dans le même étage tertiaire
moyen d'origine lacustre, toute la contrée dont il s'agit et
sur laciuelle nous allons jeter un rapide coup d'oeil.
La contrée montagneuse comprise entre Narlu et Aïvadjuk
est composée de hauteurs assez élevées, séparées les
unes des autres par des vallées profondes et étroites. La
roche consiste tantôt en schistes calcaréo-siliceux et marneux,
jaune blanchâtre ou grisâtre, à cassure conchoïde,
tantôt en grès jaunâtres, rougeâtres ou brun de chocolat, à
grain grossier ou très-menu, tantôt en un conglomérat fin,
jaunâtre, parfaitement analogue à celui qui se trouve entre
Ayasma et Kilessi, sur le littoral de la Lydie. Pi'esque partout
oit ces roches sont stratifiées, les couches se trouvent
plus ou moins fortement redressées. Quelquefois les masses
calcaires revêtent des contours hardis, en forme de pyramides,
pics ou tourelles.
La riche végétation si caracteristicjue pour la bande littorale
que nous avons parcourue depuis Beïram Kevi jusqu'à