8'2 T E R R A I N TERTIAIRE MOYEN. CHAPITRE m. 83
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Dagh) en nous dirigeant de Nemroun à Gulek. En effet, les
intervalles non explorés par moi qui séparent ces trois
coupes sont trop considérables pour que ces dernières
puissent nous éclairer suffisamment sur leur constitution géologique.
Heureusement nous sommes à même de combler
ces lacunes jusqu'à un certain point, à l'aide des travaux
de Joseph Russegger.
Ainsi il résulte de la carte géologique annexée à l'ouvrage
du savant autrichien, que les dépôts miocènes nonseulement
occupent une partie de l'espace laissé intact par
mes trois coupes effectuées le long du versant méridional
du Boulgar Dagh, mais qu'encore ces dépôts s'étendent
bien loin à l'est de ces coupes et acquièrent un immense
développement dans la vaste contrée comprise entre le méridien
de Tarsous et ceux du golfe d'Alexandrette et de la
ville de Marasch.
A en juger par les indications géologiques de la carte
de M. Russegger, indications qu'il m'a été impossible de
reproduire fidèlement sur la mienne (moins encore à cause
de l'échelle fort réduite de cette dernière, qu'en raison des
discordances énormes qui existent entre le relevé topographique
dont a fait usage M. Russegger et celui qui sert de
base à ma carie), le terrain miocène de ces régions se présente
sous la forme de bandes à contours sinueux et diversement
frangés, lesquelles sillonnent la contrée en suivant
particulièrement la direction des deux grands fleuves (le
Saïhoun et le Djihan) qui la traversent, ainsi que celle de
leurs nombreux affluents. Les bandes miocènes occupent les
intervalles que laissent entre eux les divers massifs sédimentaires
(crétacés et tertiaires inférieurs) et éruptifs, en
sorte que ces massifs apparaissent comme autant d'îles ou
de gigantesques promontoires au milieu des dépôts miocènes.
Quant aux caractères pétrographiques, paléontologiques
et strati graphiques des roches qui composent ces dépôts,
les données fournies par M. Russegger à cet égard s'accordent
suffisamment avec les faits que j'ai pu observer dans
les terrains tertiaires moyens traversés par les coupes précédemment
indiquées, pour que l'on ait droit de considérer
les uns et les autres comme formant un seul ensemble^.
Cette conclusion ne me paraît nullement ébranlée par les
anomalies locales que présentent les dépôts décrits par
M. Russegger, anomalies parmi lesquelles figurent au premier
rang les fréquentes perturbations qu'il signale dans la
stratification de certains sédiments miocènes situés à l'est
d'Adana. Ainsi, d'après le savant autrichien, dans les
parages du cap Matto (cap Karatasch au sud-ouest d'Ayas),
les strates des grès miocènes sont contournées et tordues;
de même, au nord de Sis, oii les dépôts miocènes sont représentés
par des conglomérats, les couches de ces derniers se
trouvent verticalement redressées; enfin les argiles mio-
1. Voici comment M. Russegger caractérise les roches qui de liaut en
bas composent les dépôts miocènes de la partie du Taurus qu'il a visitée :
1° calcaires marneux gris compactes, avec Ceriles (non spécifiées) ; 2° marnes
alternant avec des gypses grenus; 3" calcaire renfermant des coraux et des
polypiers [Korallen und Polypen Kalkstein)4° marne terreuse verte
avec fossiles (non spécifiés); 5° marne calcaire compacte vert blanchâtre
sans restes organiques apparents; 6" grès à Osirea renfermant une grande
quantité d'Oslrea gigantea (Osirea rarilamella, Mellv.), et autres huîtres
(non spécifiées), ainsi que des Avíenla (id.) ; marnes bitumineuses pleines
de Cerilhiimi (id.); dépôts de lignite; 7° sable ferrugineux, conglomérat
et grès, alternant avec des couches d'argile et de marne, tantôt pétries d'Osire
» (non spécifiées), tantôt renfermant une grande quantité de coquilles
analogues à celles qui caraelérisenl le bassin de Vienne, près de Bade.