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se couvre de vastes marais, à travers lesquels percent çàet
là les calcaires lacustres; on franchit ces surfaces spongieuses
à l'aide de nombreuses dalles, qui forment une
espèce de pavé solide et ne sont probablemeut que les restes
d'une ancienne route romaine, tels qu'on en voit sur plus
d'un point de ces déserts, aujourd'hui si inhospitaliers et si
peu propres à servir d'habitation à l'homme, mais qui jadis
nourrissaient une nombreuse et florissante population, ainsi
que le démontrent jusqu'à l'évidence les fragments d'architecture
antique, que le pèlerin foule à chaque pas avec
autant de surprise que de tristesse. Ces marais, hérissés
de Cladium mariscus, R. Bi-., au milieu desquels brillent
les corolles éclatantes de nombreuses Orchidées', sont traversés
du sud au nord par plusieurs ruisseaux, dont l'un
des plus considérables s'appelle Tchaltak Sou; ils étaient
tous parfaitement à sec à l'époque où je visitai ces lieux
(le 7 mai I8/18).
A mesure que l'on s'avance à l'est-nord-est du Soultan
Khan pour se rendre à Akseraï, la plaine reprend sa surface
horizontale, mais sans plus offrir la teinte blanche et pulvérulente
qui ne la caractérise que trop souvent, car le sol commence
à se colorier en rouge, ce qui tient aux dépôts dilu-,
viens dont les éléments paraissent avoir été empruntés aux
grès rouges développés dans les parages d'Akseraï, et
que j'ai provisoirement rangés dans le terrain tertiaire infér
i e u r ^ Toutefois les calcaires lacustres horizontalement
stratifiés continuent à percer à travers le diluvium rougeâtre,
'1. Parmi ces Orchidées, je découvris une nouvelle espèce décrite par
Fisclier et C. A. Meyer, sous le nom A'Orchis ncUolica. (V. ma Flore de
l'Asie Mineure, vol. II, p. 308.)
2. Voyez Terrain lerliaire inférieur^ p. 377.
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jusqu'à Akseraï, puisqu'à peu de distance à l'ouest de cette
ville, les affleurements de ces calcaires renferment beaucoup
de Paludines, Planorbes, Yalvées, etc., parmi lesquels je
n'ai pu i-etirerque deux espèces déterminables, toutes deux
exclusivement propres à l'Asie Mineure, savoir : Paludina
phnjgica, Fisch. et VatvcUa orienlaUs, id.
Avant d'arriver à xikseraï, on traverse le Beyaz Sou
qui, en cet endroit, est peu large mais assez profond, et dont
l'eau n'est point saumâtre et tiède comme c'est le cas avec
les rares ruisseau.x que possèdent ces plaines arides. Malheureusement
le Beyaz Sou est égalemejit entouré de marais
dont les eaux croupissantes s'étendent jusque dans l'intérieur
d'Akseraï et forment de larges mares qui stationnent
dans les rues et infectent les habitations.
Au sud et au sud-est d'Aksei'aï, l'extrémité occidentale
du domaine trachytique du mont Argée constitue la limite
nord-est du vaste bassin lacustre de la Lycaonie, et bien
que je n'aie été à même d'apercevoir cette limite qu'à une
certaine distance, en parcourant, entre Nigdé et le Hasan
Dagh, la région trachytique limitroplie, cependant j'ai pu
embrasser du regard les vastes surfaces qui se déploient au
sud-ouest de la région trachytique. Or ces surfaces rappellent
d'une manière tellement frappante celles que j'avais parcourues
dans les autres parties du même bassin, qu'il est impossible
de ne pas considérer le tout comme formant une
seule et même nappe lacustre. D'ailleurs, j'eus l'occasion
de vérifier sur plusieurs points la justesse de cette conclusion,
et entre autres en descendant de la lisière trachytique
dans la plaine où se trouvent Bor et Kisserhissar, ainsi
qu'en me rendant de Houlgar Maden à Eregli et à Karabounar,
deux coupes dont je pi'ésenterai ici un résumé,
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