340 T E R R A I N TERTIAIRK SUPÉRIEUR.
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A peu de distance au nord de Bor, on voit surgir des
collines élevées de calcaire lacustre horizonlalemenl stratifié ;
elles s'appuient sur les liauteurs qui forment la lisière orientale
de la plaine lacustre, et qui, à l'est et au nord-est de
Bor, ne sont plus composées exclusivement de trachyte, mais
de calcaire foncé à facies de terrain de transition, inlimement
lié avec les roches granitiques du massif d'Utch
Kapou'.
Quant à la partie de la plaine où se trouve Kisserhissar,
la charpente solide en est plus ou moins masquée par les
marais. Cependant on y voit çà et là des affleurements de
marnes dont l'origine lacustre est mise hors de doute, grâce
à M. le professeur Ehrenberg, qui a publié dans sa 3Iiki-ogeologie
(p.- 36) les résultats des études dont les échantenté
de déduire l'existence d'anciennes forêls dans ces lieux du nom que
porte aujourd'hui le \illage de Bor. En elTet, ainsi que le fail observer
M. le professeur Unger {Sitzungsb. der K. Acad., d. Wissensck., v. I.,
ann. 1864), le nom de bor, qui signifie en slave foiêt de (jlns (de là borovik,
pinetuni), est fréquemment porté dans la Dalmatie, notamment dans
l'île de Lésina, par dos localités aujourd'hui parfaitement déboisées, mais
où ce nom môme révèle l'existence de forêts k une époque plus reculée.
Maintenant, quand on considère qu'en Asie Mineure plus d'une dénomination
locale trahit une origine évidemment slave, il n'y aurait rien d'invraisemblable
qu'il l'époque où cette race envahissante est venue s'établir en
Asie .Mineure, soit pour (juitter cette péninsule plus tard, soit pour s'y
fondre complètement avec les éléments grecs, arméniens, arabes et turcs,
la vasle ¡)laine où se trouve actuellement le village de Bor, dont le nom n'a
absolument rien des langues classiques ou orientales, n'eût reçu ce nom
qu'à cause des forêts [bor] que les nouveaux émigrants y aperçurent, exactement
comme, selon l'ingénieuse hypothèse de M. Falmereyer, la iiresqu'île
de Péloponèse fut nommée Morea par ces mêmes Slaves, qui, habitués à
leurs vastes steppes, furent frappés de voir un pays entouré presque de
tous côtés par la mer [Moré, en slave).
I . Voyez Roches érupiives, p. 3ob.
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C H A P I T R E VIII. 311
tillons recueillis par moi ont été l'objet de sa part. Je crois
d'autant plus utile de donner ici un résumé de ce travail,
qu'il en résulte non-seulement que les dépôts de Kisserhissar
sont d'origine lacustre, mais encore qu'ils ont été formés
(de même que probablement la majeure partie de ceux
du bassin lacustre de la Lycaonie) postérieuremenl à l'éruption
des trachytes, puisque les marnes dont il s'agit renferment
des éléments évidemment empruntés aux roches éruptives.
« Ces marnes, dit M. Ehrenberg, effervescent vivement
avec l'acide chlorhydrique ; leur élément calcaire consiste
en parcelles de forme irrégulière qui paraissent n'être que le
produit de la décomposition de coquilles lacustres. Les
substances calcaires sont associées à des granules de qtiartz
et d'argile, ainsi qu'à des fragments de pierre ponce. C'est
au milieu des parcelles calcaires que se trouvent les organismes
suivants, exclusivement lacustres :
S P O N G I A I R E S .
Spongilia erinaccus, Ehrb.
D I A T O J I A C E ES.
Amphora libijca, Èhrb.
Eunotia amphioxys, id.
— gibba, id.
— gibberula, id.
— longicornis, id.
Callionella.... granulala, id.
Ganphonema... capilatum, id.
— gracile, id.
— miniUissimmn, id.
ilimanlidium. . arcus, id.
A^vicula gracilis, id.
— ampkisboe/ia, id.
— lineolala, id.