432 T E R R A I N S POST-TERTIAIRES.
Les dépôts minéralo-végétanx ne conlribuent pas pea à
encombrer le lit du ruisseau et à le lui faire changer de
temps à autre; aussi voit-on en plusieurs endroits, aujourd'hui
parfaitement mis h sec, des rangées alignées d'incrustations
marquer l'ancien passage des eaux. La force incrustante
de ces dernières se manifeste d'une manière assez
prononcée le long d'un large conduit, que les Turcs ont
installé pour faire tomber l'eau sur la roue d'un moulin,
probablement le seul au monde au service duquel on ait
mis un liquide aussi précieux, car les eaux d'Ypsili sont
employées avec beaucoup de succès tant extérieurement
qu'intérieurement contre les affections cutanées, gastriques
et rhumatismales. Or, le conduit susmentionné se trouve
comme enchâssé entre de nombreuses couches de travertin
tantôt humide et encore pâteux, tantôt à l'état de roche
solide. Ces couches, hérissées d'énormes stalactites, ont
sur plusieurs points une puissance de 66 centimètres et
composent des masses de 2 mètres 6 centimètres de hauteur
\
'I. A I kilomètre environ du moulin que fait fonctionner l'eau du ruisseau,
se trouvent éciielonnés trois puits qui remontent évidemment à une
époque très-reculée. Ils sont ombragés par un platane gigantesque, contemporain
peut-être de ces antiques constructions et qui aura plus d'une
fois abrité la foule compacte qui se pressait jadis dans ces lieux aujourd'hui
si déserts, mais sans doute appelés à ressusciter un jour, avec plus
d'éclat que jamais; car lorsque l'Asie ^Mineure aura secoué le joug du despotisme
ottoman, et se trouvera rendue à la grande famille cljrétienne qui
la pleure depuis tant de siècles, les sources minérales de la presqu'île ionienne,
comme de tant d'autres localités, feront une concurrence redoutable
aux eaux les plus célèbres et les plus fréquentées de l'Iiurope, puisque
tout en rivalisant avec ces dernières sous le rapport de leur nombre et de
leurs propriétés médicales, celles de l'Asie Mineure y ajouteront les a\antagcs
d'un ciel plus doux, d'une nature plus pittoresque et de réminis-
C l I A P l T l U i II.
La profondeur moyenne du ruisseau principal qui résulte
de la jonction de tous les aftluents, peut être évaluée à
6 mètres 10 centimètres, sur 2 mètres de largeur. Il coule
avec assez de rapidité, grâce à la force impétueuse avec
laquelle jaillissent les sources. La teinpérature du ruisseau
varie selon l'éloignement de ces dernières. Ainsi, tout à
côté de l'une des sources principales, j'ai trouvé (le 6 avril
18/i9, à midi) la tenipérature de 70%8 centigrades
(celle de l'air ambiant étant de 20 degrés), tandis qu'à
quelques mètres de là, elle n'était que de 50, et encore
plus loin, seulement de kO degrés. L'eau de toutes ces
sources a un goût acidulé, mais nullement désagréable ;
cependant elle laisse un léger arrière-goût de soufre.
A peu de distance, à l'est du ruisseau principal et presque
parallèlement à celui-ci, coule un autre ruisseau qui se jette
dans la mer et dont l'eau non-seulement est d'une température
parfaitement fraîche, mais ne paraît guère contenir en
dissolution des substances minérales appréciables.
Après ces quelques considérations sur les dépôts posttertiaires
observés par moi dans la péninsule ionienne, et
qui sans doute ne constituent qu'une fraction de ceux qui
se trouvent dans les régions de la péninsule que je n'ai pas
visitées, nous pouvons reprendre l'examen des dépôts posttertiaires
situés au sud de Smyrne.
ccnces historiques plus prestigieuses, avantages qui feront pâlir bien
promptement tous ces sites vantés de l'Allemagne et de la France ornés
de leurs vieux châteaux comparativement si jeunes.
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