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s
1853) toute cette plaine de l'ouest à l'est, en passant par
Tcharschamba et Terme S on croit souvent se trouver dans
un parc magninque, car on ne quitte presque pas les épais
taillis^ qui masquent complètement la vue de la mer, et au
milieu desquels la vigne, le poirier, le pommier, le figuier
et d'autres arbres fruitiers retournés aujourd'hui à l'état sauvage
et ne donnant plus que des fruits chétifs à goût acerbe
et aigre, représentent encore les restes de cette riche pomone,
qui, selon Strabon, caractérisait si éminemment la
fertile Themiscym. Il est vrai que l'olivier n'y a plus laissé
de traces, quoique très-probablement il y ait été cultivé jadis,
de même qu'il l'est encore aujourd'hui dans les localités
limitrophes, telles que Samsoun et Sinope. A l'ombre de
cette vigoureuse végétation arborescente, qui ne dissimule
que trop souvent des fondrières profondes, le sol est revêtu
d'un brillant tapis de gazon, animé par une grande quantité
1. Ce fut à Termé que, le 22 août 1833, j'aperçus pour la première fois
la ooinèle sur laquelle toutes les lunettes de l'Europe étaient braquées, mais
que, tr-ès-probableraent, j'étais le seul naturaliste européen à contempler en
res lieux. Je la vis à sept heures du soir, sous la forme d'une étoile filante
ou d'une fusée dont la tête touchait presque le bord de l'horizon et se
terminait du côté opposé par une traînée lumineuse légèrement recourbée
au sud-est-sud, mais presque parallèle à la voie lactée; a huit heures et
demie, la comète n'était plus perceptible, à la grande joie des habitants de
Termé, persuadés que la durée peu prolongée de ce phénomène était une
preuve de la nature passagère de la catasti'ophe fâcheuse dont il était le
pronostic pour l'empire ottoman.
2. Ces taillis sont particulièrement composés des arbres et des buissons
suivants : Qiiercus pedimcitlala, Carpinus belulus, Castanea vesca, Coryllas
avellana, Alnus glulinosa, Craloegus orienlalis, Mcspilus germanica,
Acer campeslris, Lauras nobüis. Hex aquifolium, Paliurus
aculealus, ArbiUus imedo, Fraxinus excelsior, Ulnius campestris. Rhododendron
ponlicum et Azalea ponlica.
de plantes, dont plusieurs figurent au nombre des plus beaux
ornements de mon herbier.
Avant de quitter l'embouchure du Yeschil irraak, je
dois rappeler que le système hydrographique très-compliqué
de ce fleuve étant loin d'être complètement connu, il
est impossible d'apprécier le rôle que jouent les dépôts posttertiaires
dans toutes les vastes régions qu'il embrasse.
Aussi pour le moment me contenterai-je de signaler sous
ce rapport les plaines de Soulou Ova et de Kaz Ova, ainsi
que la vallée du Germilu Tchaï [Lycus), le plus considérable
parmi les affluents du Yeschil Irmak.
La plaine de Soulou Ova, arrosée par le Tersakan Sou,
(¡ui débouche dans le Yeschil Irmak, non loin de la ville
d'Amasia, est presque entièrement revêtue de dépôts détritiques,
dont on peut apprécier la puissance par les dénudations
que présentent les rives élevées du Tersakan Sou. Ces
profils naturels font voir, sui' plusieurs poinis, des couches
nombreuses, horizontalement stratifiées d'argile et de limon,
plus ou moins chargés de galets. A 1 lieue d/2 environ au
nord du petit village d'Yaliniz, situé presque au milieu de
l'embranchement oriental cte la plaine de Soulou Ova,
celle-ci est traversée par une rangée de collines arrondies,
composées de galets de dolérites, roche si largement développée
le long de la lisière nord-ouest de la Soulou Ova^
La plaine de Kaz Ova, arrosée par le Y'eschil Irmak et
comprise entre la ville de Tokat et le bourg de Tourkhal,
est revêtue de dépôts détritiques souvent assez puissants,
qui paraissent reposer (en partie du moins) sur les calcaires
lacustres.
1. Voyez Roches éruplives, p. 237.
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