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338 TE E I R A I N TERTIAIRE SUPÉR1EDR.
est fréquemment le cas précisément dans les régions les
plus arides du grand bassin lacustre de la Lycaonie, oi^i la
nature, très-avare de ses dons, ne les concentre que sur
quelques points restreints, et toujours de manière à compenser
la quantité par la qualité'.
La vallée de Kouloukessé est limitée du côté de l'est
par un plateau dont l'altitude moyenne est d'environ 900 mètres,
et l'extension de l'ouest à l'est d'environ 4 lieues. Il
se termine à l'est par une rangée de collines qui le rattachent
à un deuxième plateau plus élevé et plus étendu. La
surface assez unie du premier plateau est tantôt aride et
pulvérulente, n'olTrant que çà et là quelques plantes rabougries
souvent aromatiques, tantôt revêtue d'un gazon touffu,
au milieu duquel la Stipa plumeuse {Stipa perniala, L.),
balance avec grâce sa longue chevelure argentée, dont les
ondulations donnent cà ces plaines l'aspect d'une mer agitée
]iar des vagues écumantes.
Le deuxième plateau, également composé de calcaire
lacustre dont les alvéoles sont fréquemment remplies de
ciistaux de quartz blanc, a une extension, de l'ouest à l'est,
1. Je ne mentionnerai ici que les plantes suivantes, cueillies par moi
sur les rochers arides qui bordent la vallée de Kouloukessé à une altitude
d'environ 1,000 mètres : Genista pulverulenla, Fisch., nov. sp., Alyssum
miniUissimum, Boiss., Thymus squarrosiis, Fisch., n. sp., SnMa verbascifolia,
S. ceralophylla, L., SciUellaria pedinala,
Nepeta congesLa, Fisch., n. sp., Phlomis armeniaca, Wiild. et Achillea
santolina, L. Parmi les trois nouvelles espèces susmentionnées, dont j'ai
publié les dia2;noses dans ma Flore de l'Asie Mineure, v. I, p. 7 et v. II,•
p. 126 et '153, la Genista pulveridenta est surtout fort remarquable par
le facies tout particulier qui la distingue de tous ses congénères. En apercevant
cette Papilionacée presque rampante, j'ai cru au prime abord avoir
affaire à un .Astragale, car elle n'a absolument rien du port svelte et élégant
de la plupart des Genêts.
C H A P I T R E VIII. .35!)
d'environ 5 lieues 1/2. Au pied de son revers oriental se
trouvent plusieurs puits antiques, que le voyageur salue avec
joie, lorsque, après une marche de plus de iO heures en
plein soleil, par une température de Z|0 à 50 degrés, il a enfin
franchi la plaine pulvérulente et déserle comprise entre Kouloukessé
et Severek. Dans un de ces puits, dont l'altitude est
de 1,030 mètres, l'eau puisée à une profondeur de 11'",7,
avait, àmidi (le 2 juin 18Ù9), une température de 9°,6 centigrade,
celle de l'air ambiant à l'ombre étant de 26 degrés
et au soleil de 39",4,avec un vent sud-ouest assez frais.
].e plateau dont il s'agit se trouve, à son extrémité orientale,
dominé par une troisième terrasse, au pied occidental
de laquelle est situé le village de Severek, à une altitude de
1 , 0 6 3 mètres. La surface de ce plateau est tantôt horizontale,
tantôt sillonnée par des mamelons et des ravins. C'est
un désert pierreux, presque sans la moindre trace d'humus,
sans une goutte d'eau, et où, malgré cela, percent, comme
égarées au milieu des cailloux et des masses calcaires désagrégées,
quelques plantes appartenant en majorité à des
formes rares et curieuses, soit éminemment orientales, soit
exclusivement propres à l'Asie Mineure'.
La quantité de fragments de roches diverses qui jonchent
le sol augmente à un tel point, à mesure que l'on
avance vers Severek, c^ue ce village, avec ses cabanes également
construites en cailloux, ne se distingue presque point
des amas de galets et de blocs'au milieu desquels il est si-
•I. Parmi les plantes que je cueillis (le 2 juin) sur le plateau désert de
Severek, à une altitude moyenne de 1,000 mètres, je ne mentionnerai que
'es suivantes: Astragalus maxinms, Willd., Eremostachys macrophylla,
Montbr., Centaurea cana, Sibtb., Acanthus spinosus, L. var., Phylheuma
limonifolia, Sibtli. et Sm.