fi' • ' t
Ili
M ! •
436 TERRxVINS POST-TERTIAIRES.
la contrée ondulée comprise dans ces limites, ce ne soni
plus les calcaires lacustres qui percent à travers les dépôts
détritiques, mais exclusivement les roches qui constituent la
charpente solide des deux chaînes du ïmolus et du Messogis
formant les deux bords de la vallée; ces affleurements se
multiplient tellement, à mesure qu'on se rapproche soit de
Baïndir soit de Tiré, qu'à l'est de ces localités, les roches de
transition deviennent dominantes, et les dépôts détritiques
sont réduits à quelques lambeaux insignifiants, en sorte
que la vallée traversée par cette partie du cours supérieur
du Kutchuk Menderez se confond, pour ainsi dire, avec les
massifs du ïmolus et du Messogis, et, géologiquement parlant,
ne fait plus qu'un seul ensemble avec ces derniers^
Quant à la vaste surface que traverse le cours inférieur
du Kutchuk Menderez , elle est composée d'alluvions trèsrécentes,
dont la formation ne remonte guère beaucoup au
delà de l'époque historique; en tout cas, cela est indubitable
à l'égard de la plaine marécageuse qui entoure l'embouchure
même de la rivière, car en voyant l'énorme quantité
de matières détritiques.'qu'elle charrie, non-seulement on est
porté à leur attribuer a priori l'origine de cette' plaine,
mais encore on peut assister pour ainsi dii-e à la naissance
et au développement de cette dernière, grâce aux documents
nombreux que les auteurs anciens nous fournissent à ce
sujet.
'1. Dans les parages de Baïndir et de Tiré, la vallée du Kutchuk Menderez
présente un phénomène assez rare en Asie IHineure, celui d'une
contrée bien cultivée, car l'espace que l'on parcourt entre ces deux localités
est une série presque ininterrompue de champs de céréales, de jardins,
de taillis d'oliviers et de vignobles. A l'endroit où l'on franchit la
rivière en se rendant de Baïndir à Tiré, elle n'est point giiéable, sans être
très-profonde.
C H A P I T R E 11. 437
En elTet, Pline le naluraliste, tout en parlant des atterrissements
du Caystre, qui avaient déjà rattaché à la terre
ferme une île située vis-à-vis de son embouchure, fait
observer' que l'ancien temple de Diane à Éphèse était baigné
par la mer, et tel a dû être également le cas de la ville
mêiî:e, puisque Strabon- mentionne le port d'Éphèse, qui,
il est vrai, commençait déjà à s'ensabler, ce qui n'empêche
pas le géographe de qualifier Éphèse de cilé très-commerçante,
en ajoutant : « Cette ville, ne fait que s'accroître,
grâce à sa belle position^, » Il est donc permis d'admettre
que les marais que Virgile signale dans la proximité d'Éphèse
sous le nom de paludes asianoe n'étaient que des
espèces d'étangs, puisqu'il nous parle des cygnes qui animaient
ces parages; toutefois ces étangs figuraient déjà
sans doute comme les premiers symptômes des vastes
atterrissements qui devaient les combler plus lard, en sorte
que lorsqu'au x^ et au xi'^ siècle, Vibius Sequester et Léon
le Diacre ' parlent de nouveau des paludes asianoe, il s'agissait
alors de véritables marais, semblables à ceux qui composent
aujourd'hui la plaine comprise entre le village d'Ayaslouk
(emplacement d'Éphèse) et le httoral actuel, plaine qui
représente par conséquent l'espace de terrain que ce point de
la côte a acquis depuis le temps de Strabon, c'est-à-dire un
morceau de 2 lieues environ (de l'est à l'ouest), pendant un
peu plus de dix-huit siècles, ce qui donnerait, pour l'avancement
progressif de ce littoral, plus de 400 mètres par siècle%
1. Nat. Hist., I. TI, 87, et I. V, 31.
2. L. XIV,-1.
3. Ibid.
4. Hist. 1. I, 2.
5. Aujourd'hui, la plaine d'Ayaslouk est an nombre des localités de