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espace el se terminent pour la plupart du côté de la mer en
falaises abruptes.
A l'est du cap Alepo, la plage marine s'étend dans la
direction du nord jusqu'au lac de Keuidjèz, qui a toute
l'apparence d'un ancien golfe de mer, et reproduirait par
conséquent le phénomène signalé sur la côte occidentale de
l'Asie Mineure, où le lac d'Akiz Tchaï n'est que le reste de
l'ancien Golfe Latmique (p. ¿39). •
En etïet, à peu de distance du petit village de Dalian,
situé à 3 kilomètres environ au sud du lac et à plus de
5 kilomètres de la mer, se trouvent les ruines de Caunus\
Or Strabon- décrit cette cité comme possédant un chantieiet
un port, et Tliucydide' mentionne fréquemment des flottes
sortant du porl de Caunus ou y entrant; c'est ainsi qu'à
propos des expéditions navales d'Alcibiade, il dit" que ce
•dernier ramena sa flotte de Caunus et de Phaselis à Samos.
Ces témoignages sont de nature à faire admettre que Caunus
était alors situé sur le littoral même, car si son poi't avait
été éloigné de la ville, les auteurs qui se servent simplement
du mot ¡MH de Caunus n'eussent pas manqué de le faire
-I. La position de Caunus a été posilivement déterminée par M. lloslcvn
qui a découvert des débris portant le nom de celte ville dans le p¡tit
village de Dalian, si lue au sud du lac de Keuidjèz, à b kilomètres de la mer
et à 12 kilomètres à l'ouest du Dalaman Tcbaï, ce qui s'accorde avec l'indication
de Plolémée, qui place Caunus à une distance considérable à l'ouest
dMCalbis, ainsi que le fait observer le savant Cellarius {Nolicioe orbis
antiqui, p. 97), tandis que, selon Strabon el Pomponius Mela, Caunus
aurait été à côté du Calbis, assertion contredite par la découverte de
M. Hoskyn.
2. L. XIV, 328.
3. Bell. Pelop., L. Vill,
4. Loc. cil., '108.
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observer. 11 est donc permis de croire que le lac de Keuidjèz
représente l'extrémité septentrionale de l'ancien golfe
sur le bord oriental duquel se trouvait jadis Caunus, et que
par conséquent la plage de 8 kilomètres de longueur (du
nord au sud) qui sépare aujourd'hui les ruines de cette antique
cité, de la mer, a été formée postérieurement à l'époque
de Strabon, ce qui donnerait, pour ce point de la côte, une
progression de plus de iOO mètres par siècle. D'ailleurs, le
nom même que porte aujourd'hui le lac de Keuidjèz (Keuidjèz
Liman) est singulièrement significatif et a tout l'air
d'une allusion ou d'une réminiscence historique, puisque,
au heu de l'appeler Gueul ou lac, les Turcs le qualifient de
Li?nan, goUe, comme s'ils voulaient indiquer par là que
les alluvions qui l'isolent aujourd'hui de la mer n'ont enlevé
à cette dernière auctm de ses droits; ce qui n'empêche pas
ces alluvions d'avoir une extension très-considérable, car
elles ne composent pas seulement la plage méridionale du
Keuidjèz Liman,'mais font encore le tour du lac, en continuant
au nord-ouest de celui-ci jusqu'à Hadjillis, à travers
la vallée arrosée par le Namiam Tchaï.
Le lac de Keuidjèz est séparé par un massif serpentineux
de la plaine qui représente le delta du Dalaman Tchaï. Les
dépôts puissants de matières détritiques qui composent cette
plaine, et parmi lesquels figurent beaucoup de galets de roches
diverses, sont presque partout masqués par une épaisse
couche d'humus revêtue d'une vigoureuse végétation herbacée,
qui, grâce au beau ciel de ces contrées, ne disparaît,
jamais complètement, car lorsque je traversais la plaine à
la fin de novembre (18/j8), le gazon était aussi frais qu'au
printemps et se trouvait émaillé par ¡'Anemone coronaria,
VEuphorbia micrantha, etc.
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