bey, on en aurait été embarrassé, et les Tcher-
kesses auraient eu tout le temps d’écraser les
troupes en se postant sur les hauteurs.
On préféra de remonter la Chadotopche, ruisseau
dont la vallée est si étroite aussi qu’on fut
obligé de mettre les chariots de file pour la remonter.
On fut campé dix jours avant d’avoir
nettoyé le pays. Puis on se mit en route, non sans
de grandes précautions ; l’on fut dix heures en
marche avant d’arriver à la ligne de faite, qui
sépare la vallée de Chadotopche de celle d’Atses-
boho 5 il ne. fallut qu’une heure pour descendre
et arriver à Ghélindjik, où ce brave corps d’expédition
fut reçu avec des houras ; c’était la première
fois qu’une armée russe traversait l’éperon
du Caucase.
L’on prit une autre route pour s’en retourner;
on passa le col du Tatchagus, on descendit au
village de Dobé, et de là remontant la chaîne de
collines qui borde la mer, on atteignit la ligne de
faîte près des sources de la Na, petite rivière qui
s’unit plus bas à la Chadotopche ; après leur
jonction , elles vont se jeter quelques verst plus
loin de l’Atakoum ou Adokau, qui donne son
nom à ce district des Natoukhadjes, comme j ’en
ai parlé plus haut.
On retourna fort content de cette expédition
à Oghinskaïa et sans avoir essuyé de pertes très
considérables, quoique le pays soit un des plus
difficiles que je connaisse pour la marche d une
armée ; car dans le sol de schiste crayeux et de
craie, toutes les vallées sont si étroites, si resserrées,
ce sont tellement des défiles qu’on peut
être arrêté à chaque pas. Les Tcherkesses se logeant
dans les buissons et sur les pentes escar-
pées, sont les maîtres de la vie de ceux qui passent
à leurs pieds. Avec quelques pièces de canon,
ces défilés seraient imprenables : que de difficultés
donc et que de courage nécessaire
pour repousser et déloger devant soi ce peuple
aguerri.
La seconde expédition qui eut lieu en i 835
eut pour but de déblayer la route qu’on s’était
ouverte l’année dernière, de la rendre praticable
pour plusieurs chariots de front; on construisit
les forts d’Abyn et de S. Nicolas sur l’Ala-
koum, et on se disposa à s’emparer de la position
de Dobé... Car le projet des Russes était d’abord
de se fortifier à Soudjouk-Kalé ; mais les officiers
de la marine déclarèrent tous que la position de
la baie ouverte aux vents du N. E. la rendraient
intenable et dangereuse pour les vaisseaux de
guerre pendant la mauvaise saison, et qu’on
serait infiniment mieux à l’opposite de la baie,
dans l’anse de Dobé, cet endroit étant le plus
abrité et le plus sûr pour y jeter l’ancre.
La troisième expédition commença en mai
i 836 ; on fit des reconnaissances vers Pchade et