Mais la gorge deGagra qui paraît n’être qu’une
gorge secondaire, el ne pas aborder le pied de
l’Ochetène, où la Kintchouli et la Rotoche ont
leurs réservoirs, n’est arrosée que par un petit
ruisseau; tant qu’il y a de la neige sur les pentes
voisines, son Ut remplit presque toute la largeur
de la gorge, et son eau tombe en cascade avec
abondance: sitôt que les chaleurs l’ont fondue,
plus d’eau dans le torrent qui tarit entièrement
pendant le reste de l’été ; le peu d’eau qui arrive
jusqu’aux cascades, se perd au-dessous dans les
ravins profonds qui remplissent le fond de la
fente. Alors un étang et plusieurs sources qui
sont dans l’intérieur de la forteresse disparaissent
aussi petit à petit, et autant Gagra était heureux
au printemps par ses belles eaux fraîches
et limpides (i), autant il soufïre d’une affreuse
disette d’eau pendant l’été.
Quel miracle donc qu’au bout de trois ans, il
soit encore resté les eent hommes qui représentaient
le bataillon tout entier en i 833.
Le gouvernement, informé de la mortalité qui
régnait à Gagra , y a envoyé le colonel Baumer,
qui a visité en même temps sous le rapport stratégique,
tous les ports et tous les forts de la
cote ; sur son rapport il m’a été dit qu’on avait
décidé qu’à l’avenir on se contenterait de fermer
(i) Elles montraient i 0” le 12 juillet 1833.
le passage par une redoute en bois (blokhaus).
Cette mesure humaine du baron de Rosen épargnera
la vie de bien des soldats qu’on sacrifiait
inutilement, et ne diminuera en rien les moyens
de défense.
Je débarquai dans une seeonde tournée que je
fis pur la cote à Gagra avec un officier de la flotte,
et j ’allai me présenter au major qui commandait
le bataillon. Malgré les épaulettes de mon compagnon,
il ne put s’empêcher de me regarder d’un
oejl soupeoneux, me croyant quelque espion
français. Je savais que notre vaisseau qui apportait
alors la poste de Tiflis pour Gagra, était
aussi chargé d’ordres en ma faveur auprès du
major : je priai donc l’officier de mariné de ne
pas s’inquiéter de la mine du major, qué bientôt
tout s’arrangerait.
Effectivement arrive après nous le bas officier
avec les dépêches... Le major les ouvre... il ne
sait plus que faire pour réparer sa bévue. Nous
étions, Fédor Boutnievitch et moi, à contempler
du haut des ruines de l’église ce singulier ensemble
que présentait Gagra, quand nous vîmes
l’adjudant qui était en négligé courir chez lui,
endosser son uniforme et accourir à nous en
cérémonie pour m’assurer que le major était prêt
à foire tout ce qui dépendait de lui pour faciliter
mes recherches, et que si j’avais besoin d’une
escorte pour faire une excursion, elle serait prcle