rusé, de traître, de soupçonneux, de fier dans
le regard.
Il nous montra ses armes qui étaient en effet
superbes; quand on l’enleva à la suite de ses
machinations contre la Russie, pour l’envoyer
en Sibénè, on s empara aussi de ses armes qu’on
lui rendit en partie a son retour. Il se plaignit
alors vivement de ce qu’on avait retenu la plus
belle, la plus chère des pièces de son arsenal, un
sabre hériditaire qu’il tenait de son père et dont
il fixa la valeur à 10,000 roubles en argent, en
cas de non restitution. Le gouvernement de
Géorgie se trouva fort embarrassé en apprenant
cette pretention, et comme on n’avait pas envie
de donner le revenu d’une province, ni même la
moitié pour un sabre, on fit toutes les perquisitions
imaginables pour le retrouver et on découvrit
enfin je ne sais où, dans l’arsenal de Tiflis,
cette fameuse lame. On l’expédia aussitôt au
gouverneur d’Iméreth, pour la faire passer à
Hassan-Bey; le général Vakoulski, curieux de
voir une lame d’un si grand prix, la tira pour
l’examiner et lut dessus . . . . Solingen.
Il en est presque de toutes les lames fameuses
du Caucase comme de celle-ci ; j ’en ai vu beaucoup
dans mes voyages, et la majeure partie
n’étaient que des lames d’Allemagne, de France
ou d’Italie, qui étaient venues échouer jusqu’ici.
Hassan-Bey nous présenta son fils âgé de dix-
huit ans, qui lui est né d’une de ses femmes, fille
du prince Nartchouk des bords de la Bsoubbe.
Suivant l’usage le jeune prince avait été élevé en
Mingrélie, hors de la maison paternelle, sous la
surveillance du prince Dadian. Maintenant qu’il
était en âge de se marier, Hassan—Bey avait demandé
pour lui au prince Dadian une de ses filles
en mariage. Mais le prince'de Mingrélie n’a voulu
la lui accorder qu’à condition que l’époux se ferait
chrétien : il l’est devenu depuis un an, et
quand il est à Rélassour, il va célébrer ses fêtes
à la chapelle de la forteresse de Soukoum.
Hassan-Bey a sa principale habitation d’été
dans le Tsébelda, haute vallée de la Rodor, au
pied du Maroukh ; il compte 4° à 5o verst de
Rélassour jusque-là. C’était là que pour le moment
il avait transporté ses femmes, incertain
comme il Fêtait des suites de sa dispute avec son
neveu Michel-Bey.
Le prince, qui savait quel était le but de mon
voyage, nous dit qu’à trois verst de Rélassour, il
y avait une source d’eau aigre, et plus loin des
eaux chaudes dans le voisinage d’Iskouriah. . . .
Depuis long-temps le bruit courait qu’il se
trouvait aux environs de Soukoum une mine
d’argent et de plomb. Le gouvernement russe
chargea contre une forte récompense Hassan-
Bey de conduire deux ingénieurs russes dans