comme à Pitzounda et au cap Kodor; ou c’est
un conglomérat grossier comme à Bambor.
Les ruisseaux qui arrivent à la mer quoique
courts sont assez abondants. Ils descendent des
pentes noires et schisteuses des hautes cimes, se
recueillent dans des vallées profondes et traversent
ensuite le banc jurassique par des gorges
étroites, profondément entaillées, qui sont autant
de portes ouvertes pour pénétrer dans le
sein des montagnes. C’est seulement par ces portails
que des plaines basses de l’Abkhasie on entrevoit
des lambeaux de la ligne de faîte comme
à travers autant de créneaux; car le banc jurassique,
s’élevant comme un bastion jusqu’à sept et
huit mille pieds de hauteur, lamasque totalement.
Ces échappées de vues prêtent aux paysages de
l’Abkhasie toute la majesté et tout le grandiose
des paysages de la Suisse.
Les plus hautes pointes du chaînon d’Abkhasie
atteignent certainement les douze et treize mille
pieds.
La plupart ne se dépouillent jamais entièrement
de neige. A la mi-juillet (vieux style) où
je les dessinai, l’Ochetène seul ne montrait que
de longues bandes étroites de neige qui remplissaient
des ravins rocailleux qu’on aurait pris de
loin pour de simples fissures, toutes les autres
cimes étaient encore parées de champs et de
coupoles de neige.
Dès que les rivières qui apportent à la mer le
tribut des montagnes ont débouché en écu-
mant par ces grandes écluses, arrivées dans le
pays plat, elles y ralentissent leur course, y serpentent
et s’arrêtent quelquefois dans des marécages,
cause de l’insalubrité de quelques points
de l’Abkhasie.
Maintenant je vais me promener le long de
cette belle côte, aborder le rivage, pénétrer dans
ces forêts qui me cachent tant de ruines ; je réunirai
dans ma description tout ce que j ’ai eu l’occasion
d’observer dans une triple promenade
que j ’ai faite d’une extrémité à l’autre.
Les gorges de la Kintchouli et de Gagra donnent
un premier échantillon de ces portes des
vallees, et 1 on y reconnaît déjà ces abîmes qui
coupent notre Jura suisse, surtout ceux des gorges
du Seyon près de Neufchâtel ou de la Reuse
au pied du château de Rochefort. Là comme
ici, les parois qui les encaissent sont presque
à pic..
Le calcaire de ces gorges est: à Gagra une
masse de couleur grise, compacte, fissurée, se
cassant par éclats, presque sans pétrifications,
et ayant l’air d’avoir subi une grande altération
qui a détruit les corps organisés. Les couches