d Achampet et d’Atsesboho commence au milieu
de la baie de Ghélindjik et s’étend jusque sur le
revers du Tatchagus. Dans l’angle de cette montagne
et du Merkhotkhi, au défaut de la baie de
Soudjouk-Kalé, est celle de Dobé; et sur le revers
du Merkhotkhi commence le puissant district
d’Adokau ou Atakoum, qu’un long dos étroit
sépare du district d’Aderbey. Trois petites rivières,
l’Atakoum, la Chadotopche, la Nâ, coulant
dans des vallons ou ravins aussi étroits, aussi
resserrés, aussi escarpés que ceux que j ’ai décrits
plus haut, l’arrosent et, se dirigeant dans le sens
inverse de l’Aderbey,vontse jeter dans le Kouban.
Tel était le vaste paysage qui s’étendait à nos
pieds. A perte de vue tout était schiste à fu-
coïdes. Un pionnier juif, qui avait été fait prisonnier
par les Tcherkesses près d’Anapa, et
entraîné par eux dans l’intérieur du pays, d’où
il parvint à s’échapper après six mois d’escla-
vage, m’a assuré avoir vu de très hautes montagnes
couronnées de pierre blanche, dure....
Mais c’était très loin, disait-il.
En attendant, la sentinelle tcherkesse , qui
d’abord nous tournait le dos, perchée sur son
mamelon, s était retournée de notre côté et avait
aperçu avec effroi ce nombreux groupe de visiteurs
qui, couchés sur l’herbe, semblaient tombés
du ciel. Mais rien ne la décontenance • son
coup de feu se fait entendre, et tout le village
d’Aderbey est comme frappé de terreur; on
court aux armes; de toutes parts des Tcherkesses
armés fourmillent parmi les arbres, s’ac-
costent, se questionnent et escaladent en hâte
les pentes si escarpées du Merkhotkhi aux signes
que leur fait la sentinelle qui leur montre l’ennemi
. L ’officier qui commande l’escorte suit avec
anxiété tous leurs mouvemens, et me presse de
dessiner et de prendre mes notes, me demandant
à chaque instant si je suis bientôt prêt....
Déjà nous pouvons compter une cinquantaine
de nos ennemis qui sont sur le point d’atteindre
la cime de la montagne : leur nombre augmente
à chaque minute. Le danger était imminent ; si
nous leur donnions le temps d’atteindre le revers
, nous pouvions être coupés sur plusieurs
points et fort mal menés.... Nous n’eûmes que
le temps de redescendre en toute hâte la colline,
glissant sur le gazon, tombant, nous retenant
aux branches, et suivant la plus courte pente.
Les Tcherkesses nous voyant si habiles à nous
retirer, nous crièrent plusieurs houras pour se
moquer de nous, mais ils virent bien l’inutilité
de nous poursuivre.
Quand nous fûmes dans la plaine, chacun reprit
haleine et se félicita d’être de retour sain et
sauf ; car nous avions échappé à plus d’un danger.
Si la sentinelle nous eût suivis dans la plaine,
nous eût bien observés , elle aurait pu deviner