croix : elle est partagée en deux (1); d’un côté
de la fenêtre 011 lit :
« 0 Roi, qui commandes à tous les rois, exalte
de plus en plus le puissant Bagrat Couropalate,
roi des Aphkhazes et des Karthles, ainsi que son
père, sa mère, la reine (sa femme), et son fils.
Amen. j>
De l’autre côté se trouve :
« Quand le fondement fut posé, c’était l’année
223 de l’ère pascale. »
Cette date répond à l’année ioo3 de notre ère.
M. Rrosset a été étonné, tout comme moi, et
comme plusieurs savants français, de la voir
exprimée en chiffres arabes de cette forme p p (3.
Ce serait l’un des plus anciens usages connus de
ces chiffres; on peut s’en expliquer facilement l’emploi,
par les rapports continuels que les rois de
Géorgie avaient avec les descendants des Arabes
conquérants de la Perse, Quelqu’énigmatique que
soit ce fait, abstraction faite de ces chiffres, ces
inscriptions ne peuvent se rapporter qu’à Bagrat
III ou à Bagrat IV, les premiers qui aient
pris le titre de Roi des Aphkhazes et des Karthles.
En lisant mon abrégé de l’histoire de Col-
chide et de la Géorgie (2), on s’expliquera
(1) Voyez Atlas, 3e série, Archit., pl. 2.
W t - n -
pourquoi Bagrat mettait en tête son titre de Roi
d’Abkhasie, de cette partie du Caucase aujourd’hui
presqu’ignorée et abandonnée.
Il est singulier de voir à la même époque,
presqu’à la même année, les princes russes à
Kief, et les princes Géorgiens à Koutaïs, prendre
un essor spontané de gloire et de puissance, et
songer à s’illustrer par des monuments. Car si
la cathédrale de Koutaïs fut construite sous Bagrat
III et sous Bagrat IV^ entre le commencement
et le milieu du onzième siècle, l’église
de Sainte-Sophie à Kief fut fondée en io 3y, et
celle de Lavraen io 54et parachevée en 1077. Le
même empereur de Constantinople avait envoyé
des ouvriers au monarque russe Jaroslav et au
Méphé abkhasien Bagrat IV.
Mais à mon avis, les églises de Kief sont bien
loin d’approcher de la beauté et de l’élégance
de la cathédrale de Koutaïs ; la lourdeur de l’intérieur
et le peu d’apparence des façades de ces
premiers édifices russes, ne peut se comparer
au grandiose et à la magnificence de celui-ci.
Les inscriptions que j ’ai citées sont en Géorgien
, et écrites en caractères sacrés dont la
beauté, la simplicité et la netteté peuvent rivaliser
avec les belles inscriptoins des Grecs ou
des Romains. Les caractères géorgiens sacrés,
d’après les traditions arméniennes, auraient été
inventés au commencement du cinquième siècle,