toutes sortes de services qu’on ne leur demande
pas, dans l’espoir d’obtenir un petit morceau
à manger. Cette bassesse de caractère a détruit
chez tous la valeur d’un peuple qui ne vit qu’à
la pointe de l’épée, et qui, habitué aux privations,
aux intempéries de l’air, préfère à une application
et à un travail modérés, mais constants, des
fatigues et des dangers momentanés, dont le résultat
peut etre quelquefois avantageux. Les Ab-
khasesne sont poin t braves ; ils n’ontopposé ni aux
Turcs, ni aux Russes aucune résistance, quoique
1 idée de domination étrangère leur soit insupportable.
Leurs brigands les plus redoutables ne
sont pas de ces gens braves et terribles, toujours
prêts à faire le coup de sabre ou de pistolet sur
les grands chemins. Ce sont des voleurs fins et
adroits, qui attaquent volontiers ouvertement
quand ils sont en nombre irrésistible, mais qui
du reste n’agissent que dans l’ombre et à la
sourdine, et auxquels la moindre résistance fait
lâcher prise. »
D’après cet état de choses, il serait de l’intérêt
du peuple pour le ramener de demi-sauvage
qu’il est à quelque civilisation, que la Russie supprimât
tout intermédiaire, si le monarque qui a
la ferme volonté de faire le bien, qui y tend de
tout son.être, pouvait inspirer d’aussi nobles désirs
à ceux qui gouvernent sous lui à ces extrémités
de l’empire.
Je Je répète, la tâche sera bien difficile. Trouver
moyen à ce que l’Abkhase ait avantage à
quitter sa vie de brigandage et de fainéantise ;
l’habituer à l’ordre, au travail, lui faire cherii
les vertus sociales, lui apprendre à quitter ses
armes et à ne pas envisager dans tout autre que
lui un ennemi aux aguets, il n’y a que Dieu qui
puisse faire un miracle pareil.
La plus grande difficulté sera de régler leur
commerce, de faciliter le développement de leur
industrie, en conservant l’état de choses actuel.
En se livrant à l’agriculture et a toute autre
branche d’économie, l’Abkhase doit trouver des
débouchés à son industrie. Comment cela pourra-
t-il avoir' lieu, si sur une étendue de cote de
plus de 200 verst, l’on n’a que deux débouchés
aussi éloignés, Soukoum et Redoute-Kalé, avec
le bazar de Bambor ? Cette mesure financière et
sanitaire détruit complètement toute possibilité
de commerce chez les Abkhases 5 car comment
peuvent-ils, pour quelques mesures de maïs et
quelques peaux, courir à des marches aussi
éloignés ? L’on ne fait que développer chez eux
une nouvelle vertu, celle de la contrebande
qu’ils font avec les Turcs, cachés dans les embouchures
des rivières.
Un employé distingué proposait de fixer dans
différentes petites anses de la côte, des époques
où les habitants pourraient faire le commerce