ie lierre, la ronce grimpent partout. Le troène,
le houx frelon, le houx ordinaire tapissaient le
sol; des buissons d’aubépines chargés de grappes
de fruits se mêlent aux pommiers ; la viorne
porte ses beaux ombelles de grains noirs. Par ci
par là des charmes aux belles grappes vertes pen-
dantes, des épine-vinettes, des rosiers élevés, des
fougeres a hauteur d’homme, des lonicères et
des chênes dont j ’ai peine à reconnaître lafeuille.
Au milieu des mimoses, le pancratium illyricum
se plaît dans les sables exposés au soleil et parfume
1 air. N’y aurait-il pas de quoi faire un paradis,
si a peu de distance derrière ne commençaient
ces affreux marais?
Pendant les cinq jours de mon séjour les Alpes
caucasiennes restèrent toujours voilées par les
brouillards et les nuages; c’est ce qui nous arrive
aussi presque pendant tout l’été à Neuchâtel en
Suisse, en lace de la belle chaîne des Alpes.
Trajet de Redoute-Kalé à Kouta'fs.
Khorga et monastère de Ja Khopi.
Je quittai Redoute-Kalé le mardi vers le
soir, pour commencer mon pénible pèlerinage.
J’étais muni d’un ordre du commandant aux
chefs des stations, de me fournir des chevaux
et de me faire accompagner à toutes les postes
par deux Cosaques à cheval^ jusqu’à limitais.
I)u reste j ’étais complètement seul.
Nous traversâmes le canal de la Tsiva sur un
bac, puis le bazar de Redoute-Kalé qui n’est
qu’une longue suite de boutiques presque vides
depuis la clôture de la Franchise; à peine peut-
on s’y procurer les choses de première nécessité,
et toutes les denrées d’Europe qui ont débarqué
par-là, y sont beaucoup plus chères qu’à
Tiflis, parce que le marchand se fait payer
comme de juste le transport. Le sucre de Redoute
Kalé , revenu à Redoute-Kalé, a fait
700 verst ou 176 lieues avant de pouvoir être
débité.
Nous suivîmes presque toujours les bords de
la Khopi, encaissée d’arbres et de vignes dont
les guirlandes pendantes baisent les flots paisibles.
Tout est forêt. Même le village de Khorga
qui commence à 10 verst de Redoute-Kalé, et
qui a 14 verst de long, n’est qu’une vaste futaie
d’aunes et de frênes, dans laquelle sont semées
les maisons en bois, chacune isolée au milieu de
quelques enclos de maïs et de millet d’Italie (Pa-
nicum italicum, gômi en géorgien). Le maïs,
quoique n’ayant pas atteint toute sa crue, avait
déjà huit à neuf pieds de haut. Le sol est bon,
fertile, glaiseux, propre à toutes les cultures qui
demandent une bonne terre humide. Autour des
enclos sont des ceps de vigne, lancés sur des
aunes noirs, dont l’effet est très pittoresque; ce
sont les vignobles du pays, qui ne subissent au